AVEC FANTASIA ET FANTASIA 2000, LES STUDIOS DISNEY METTAIENT L’ANIMATION AU SERVICE DE LA MUSIQUE CLASSIQUE. UNE AVENTURE DONT LE BLU-RAY RESTITUE LA MAGIE.

DESSINS ANIMÉS MUSICAUX DES STUDIOS DISNEY. 1940 ET 1999. 2 H 15 ET 1 H 14. DIST: BUENA VISTA.

Sorti en 1940, 3 ans à peine après Blanche-Neige, le premier long métrage des studios, Fantasia reste sans doute l’£uvre la plus aventureuse jamais entreprise chez Disney. Interprétés par l’orchestre symphonique de Philadelphie sous la direction de Leopold Stokowski, différents morceaux de musique classique y étaient librement illustrés par les animateurs maison, en autant de séquences aux styles résolument variés. Cet exercice, Walt Disney l’envisageait comme un « work in progress », auquel il entendait ajouter régulièrement de nouveaux éléments. Une ambition vite déçue cependant, vu l’échec commercial de cette tentative déroutante de fusion entre les arts.

Hybride certes, le résultat n’en est pas moins ensorcelant, qui associe par exemple à la Toccata et Fugue en ré mineur de Bach des images abstraites, ou au Casse-Noisette de Tchaïkovski un ballet animal et végétal d’un classicisme aussi assumé que féerique. L’inspiration est certes inégale, et le ballet mythologique kitsch accompagnant la Symphonie pastorale de Beethoven laisse pour le moins dubitatif; il n’en produit pas moins ses moments de magie pure: ainsi de L’Apprenti-sorcier de Paul Dukas où Mickey tient le rôle-titre dans un segment désormais classique, ou encore de la merveilleuse Danse des heures de Ponchielli qu’interprètent autruches, hippopotames et crocodiles en un scintillant sommet.

Réalisé 60 ans plus tard (et rencontrant partiellement de la sorte le souhait initial de Disney), Fantasia 2000 reprenait les mêmes ingrédients, (légèrement) assaisonnés au goût du jour: diverses stars (Quincy Jones, Bette Midler, Steve Martin…) assumaient le rôle autrefois dévolu à Deems Taylor, et introduisaient des morceaux interprétés par l’orchestre symphonique de Chicago, L’apprenti-sorcier, emprunté au film original, faisant la jonction entre les 2 époques. De Beethoven à Saint-Saëns, l’éventail musical abordé est vaste, le Rhapsody in Blue de Gershwin inscrit dans un horizon new-yorkais épuré et Le Petit Soldat de plomb d’Andersen associé au Concerto pour piano n°2 de Chostakovitch ayant particulièrement inspiré les animateurs. Soit, là encore, un patchwork surprenant, brassant thèmes (Déluge compris, sur le segment Pomp and Circumstance d’Edward Elgar) et graphismes variés, suivant un concept fascinant.

Le morceau de choix figure toutefois en complément du Blu-ray, à savoir Destino, le fruit de l’association momentanée entre Disney et Dali ( lire par ailleurs), reconstitué au terme d’un parcours tumultueux. L’enchantement est au rendez-vous des 7 minutes d’un court métrage où les obsessions de Dali s’animent sous nos yeux, en un prolongement magistral de son £uvre picturale. S’y ajoute un captivant documentaire, traçant un parallèle entre les vies de ces 2 génies du XXe siècle, avant de faire le récit de leur rencontre, pour ainsi dire programmée. Indispensable.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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