Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d’apocalypse.

La fin du monde est à la mode. Mais, comme toutes les modes, elle dit quelque chose de la vérité de celui dans lequel nous vivons -et celui dans lequel nous pourrions vivre. Tel est du moins le pari qui donne son argument à Fabuler la fin du monde, le livre que le professeur de littérature comparée Jean-Paul Engélibert a consacré aux « fictions d’apocalypse » dans la belle collection « L’horizon des possibles », dirigée par Laurent Jeanpierre et Christian Laval à La Découverte. C’est un livre érudit et malin, qui traverse tous les champs de la création et tous les niveaux de chic pour fournir une sorte de carottage de nos obsessions pour les fins -et les recommencements qu’elles impliquent de manière nécessaire. De The Leftovers à La Route de Cormac McCarthy, du Dernier monde de Céline Minard à Melancholia de Lars Von Trier, des Pièces de guerre d’Edward Bond à Ghost in the Shell de Mamoru Oshii, c’est aussi une sorte de généalogie par la bande de notre culture qu’il propose. Au fil des notes de bas de page, on y dégote pas mal de références obligées de la pensée de la catastrophe contemporaine, de Camille de Toledo à Emanuele Coccia, et de Bruno Latour à Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, mais c’est pour la bonne cause. Ce que le livre n’offre pas en nouveauté théorique, il le compense plus que largement par son optimisme radical quant au pouvoir de la fiction de changer le monde.

De Jean-Paul Engélibert, ÉDITIONS La Découverte, 240 pages.

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