À COUP DE JETS DE PEINTURE, SPLATOON RÉNOVE LES MURS ET LES SOLS DE NINTENDO CET ÉTÉ. UN SHOOTER CAMÉLÉON EN LIGNE APPELÉ À ÉVOLUER.

Splatoon

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR NINTENDO, ÂGE 14+, DISPONIBLE SUR WII U.

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Difficile de ne pas se fier aux apparences. Débonnaire, acidulé et enfantin, l’univers des Mario vaut pourtant la peine de jeter ses préjugés adultes aux oubliettes. Car il cache des trésors de créativité inouïs sous sa salopette. Splatoon, voyage dégoulinant de fluo comme Gulli un mercredi après-midi, se coiffe du même faux-semblant. Développé à Kyoto dans la maison mère de Big N, le dernier-né de la ludothèque Wii U ressemble ainsi à un match de paintball gonflé aux hormones. Une bataille arc-en-ciel où chaque surface colorée par le joueur redéfinit en temps réel son rapport à l’espace et à l’affrontement.

Timidement utilisée par Super Mario Sunshine et de façon plus magistrale sur Tag: the Power of Paint (qui a enfanté Portal 2), la couleur taraude Splatoon. Le jeu de tir vu à la troisième personne remplace ainsi les traditionnelles balles de fusil par des jets de peinture. Ces derniers éliminent certes les Octarians, poulpes menaçant les très fashion Inklings. Mais ces éruptions de gouache forment surtout des grandes taches dans lesquelles le gamer plonge à l’envi, sous terre. Le tout pour jaillir quelques mètres plus loin, au pied de son adversaire. Surprise!

Utile aussi pour nager sur des murs et les franchir, cette manip fluide et submersible se solde également par des déplacements plus rapides et des sauts plus longs. De quoi apporter au propos multijoueurs en ligne de Splatoon des joutes à quatre contre quatre nerveuses et hors cadre. Pas de prise de drapeau, ici. Plantés dans des skate parcs futuristes d’un Neo Tokyo qui danse comme Jet Set Radio, ces versus aux équipes aléatoires offrent de fait la victoire à celle qui s’imposera en termes de superficie encrée.

Couleurs et peurs primaires

Couche primaire et surcouche des deux camps se superposent donc à l’envi au fil d’armes chromatiques. Parfois drolatiques, à l’image de ce rouleau de peinture au travail redoutable. Vu la faible portée des tirs et l’ergonomie toute relative du système, les éliminations ne pleuvent pas forcément. Mais elles renvoient les adversaires au vestiaire quelques précieuses secondes, le temps pour le camp opposé d’exprimer son art sur le plus de mètres carrés possible.

Traversé de mille autres subtilités se traduisant notamment par un ralentissement des déplacements pour qui foule une couleur ennemie, Splatoon et son univers crustacé gentiment barge manquent à ce jour de modes de jeu en réseau. Inutile de compter sur le local pour pallier ce vide qui devrait toutefois être comblé ces prochains mois. Avec un ami dans le salon et à condition de posséder un joypad à lui céder (oubliez les manettes Wii et le Stick), la diversité n’est pas non plus au rendez-vous. Pour patienter, on plongera donc son pinceau dans le mode solo du jeu. Malgré de bonnes idées et un level-design agréable à parcourir, Splatoon ne se hisse toutefois pas comme un platformer indispensable pour qui le parcourt seul. Presque un crime de lèse-majesté pour Nintendo, roi insubmersible de ce genre…

MICHI-HIRO TAMAÏ

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