« J’avais aidé une vieille extravagante à se remettre d’une chute, déjeuné avec un inconnu aux pensées perverses, rencontré une extraterrestre, goûté au plaisir amoureux avec une morte, (…) Vous ne saurez tout que lorsque le livre sera terminé et que vous l’aurez lu. Vous l’aurez écrit sans l’avoir écrit. » N’en jetez plus! Dans sa poursuite effrénée du roman total, René Belletto ( Le Temps mort, L’Enfer) s’empêtre dans les ficelles du thriller surnaturel/improbable (biffez la mention inutile), avec effets de manche et pince à sucre. Les femmes s’y languissent de chavirer dans les bras du héros lors de scènes de sexe très culcul la praline, où l’on « ahanne dans un corps féminin ». Précieux dans le style, emberlificoté sur la forme, l’auteur (qui se défend ici de l’être), se commet en vaines pitreries et gesticulations: « Je n’y comprenais que badaboum. » Rien ne sera épargné au lecteur, comme cette cascade de calembours dignes de l’Almanach Vermot, ponctuée de « ha, ha! hi, hi! heu, heu! ouaf, ouaf! » (sic). Où il est aussi beaucoup question de chier – » (et la merde au cul, le lecteur aura complété) »– du reste, on s’y fait… « Mais je sens que je frise le néant, mieux formulé, que je lui façonne la plus élaborée des mises en plis. » Souffrez, Monsieur, qu’on vous passe un shampoing.

De René Belletto, éditions P.O.L., 288 pages.

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