Errance

Auteur à succès dans un monde de l’édition où la rentabilité prend bien souvent le pas sur la créativité, le mangaka Kaoro Fukazawa est pris d’un doute. Il vient de terminer une série à succès, menée plusieurs années durant à un rythme soutenu et qui lui a pompé pas mal d’énergie. Veut-il continuer dans cette voie en appliquant les recettes qui marchent comme lui suggère son éditeur, ou veut-il plutôt se lancer dans quelque chose de plus personnel? Mais a-t-il toujours envie de dessiner? Croit-il seulement encore en ce qu’il fait? Le nez dans le guidon, il n’a pas su voir que son couple battait de l’aile… Alors, il envoie tout péter: sa femme, et son studio de dessin -collaborateurs compris-, sans aucune considération pour l’avenir de ceux-ci. Le seul qui garde une importance à ses yeux est Chii, le chat de la maison que sa femme a emporté dans leur séparation. Dans ses errances, il rencontre une curieuse prostituée lui rappelant un amour de jeunesse qui, déjà à l’époque, lui reprochait son égocentrisme… Véritable mise en abîme, ce one-shot questionne l’artiste face à la création et au succès qu’a sans doute vécu Inio Asano lui-même, auteur de Punpun et de Dead Dead Demon’s… Dans cette veine réaliste, les grands thèmes traditionnellement développés par Asano sont bien présents: crise existentielle, mal-être par rapport à une certaine conformité, questionnement sur la place de l’individu dans une société hyper hiérarchisée et collectiviste. Un très beau manga qui intéressera à coup sûr tous les acteurs du monde merveilleux de la création et plongera le fan dans l’univers de l’auteur (ou du moins de son avatar). À noter: parallèlement, les éditions Kana sortent l’intégrale de Solanin parue en son temps en deux tomes.

Errance

Manga D’Inio Asano, éditions Kana, 246 pages.

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