Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

DÈS LE 7 SEPTEMBRE, ELLE PRÉSENTERA LE NOUVEAU TALK-SHOW CULTUREL DE FRANCE 2, AVANT-PREMIÈRES. UNE CONSÉCRATION POUR LA JOURNALISTE FRANCO-CAMEROUNAISE.

C’est l’un des visages de la rentrée télé en France. Grande métisse franco-camerounaise, Elizabeth Tchoungui a le sourire « fannyardantesque », et les inflexions de voix soignées qui vont avec. Les vagues traces, imagine-t-on, d’une éducation de fille de diplomate (son père, camerounais), trimballée d’un lycée français à un autre. De Washington (où elle est née, en 1974, d’où le « z » anglais de son prénom retenu par l’administration US) à l’Italie, de la France au Cameroun en passant par la… Belgique, de 10 à 13 ans. « C’est une chance de pouvoir découvrir des cultures différentes. Et puis je pense que c’est aussi cette enfance nomade qui a développé ma curiosité et m’a menée vers le journalisme. »

Au moment de se lancer dans les études supérieures, Elizabeth Tchoungui s’inscrit donc à la prestigieuse Ecole de journalisme de Lille -ce qui lui permet au passage de continuer à cultiver sa fibre belge ( « on allait tout le temps voir des concerts à Gand, à Courtrai… « ). A l’ESJ, elle s’oriente rapidement vers la télé, « le média que je connaissais le moins », mais qui lui permet de toucher le plus de monde. A la sortie, premières piges chez TF1, présentation sur Canal J, documentaire pour Canal +… avant que le virus de la culture ne la rattrape. « Un jour, Arte m’a appelée pour assurer le direct lors de la Love Parade. Je me suis retrouvée à Berlin, dans un ensemble de squats d’artistes, sous la pluie, dans la boue. Dès que l’émission a commencé, mon oreillette avec la traduction s’est plantée. Je me suis retrouvée à discuter pendant une heure et demi avec mon camarade allemand, sans comprendre un mot de ce qu’il disait!, rigole-t-elle . Au-delà de l’anecdote, j’ai adoré la culture sur le terrain. Globalement, les écrivains, les musiciens… ont beaucoup de choses à dire. Un artiste ne peut pas être ennuyeux. Il suffit de prendre assez de temps pour l’écouter. »

Pour le plaisir

Aux commandes d’ Avant-premières, dès le 7 septembre ( lire page 66), Elizabeth Tchoungui, et ses « chroniqueurs », devraient donc laisser la sulfateuse au vestiaire. « Il s’agira de donner envie, de susciter du désir. Le mot magique, c’est le plaisir. » Le dézinguage gratuit d’invités donc, très peu pour elle. « La démarche artistique demande énormément d’ego, mais aussi pas mal de courage. » La jeune femme en sait d’ailleurs quelque chose, elle qui a notamment déjà publié 2 romans (le plus récent, Bamako Climax, chez Plon).

Aujourd’hui, l’ex-présentatrice des Maternelles (France 5) s’apprête donc à relever un beau défi. « J’en rêvais depuis longtemps. Mes choix ont été dirigés vers ce genre de projet. » Une forme de consécration pour celle qui fait volontiers référence au parcours d’un Jacques Chancel. « Il va finir par croire que je lui passe la pommade, sourit-elle , mais Le Grand échiquier reste quand même un modèle. » Y compris en ouvrant à toute une série de disciplines moins médiatisées (architecture, BD…) ou en faisant sauter le verrou entre culture populaire et classique. « Johnny Hallyday qui joue à la rentrée dans une pièce de Tennessee Williams, c’est quoi? Pour moi, la distinction n’existe pas…  »

LAURENT HOEBRECHTS

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