Éléphant

De Martin Suter, éditions Christian Bourgois, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, 360 pages.

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Dans une grotte près de Zurich, Schoch, un sans-abri porté sur la bouteille, découvre un minuscule éléphant de 40 centimètres de long et 30 de haut tout au plus, rose comme un cochonnet en massepain et luminescent comme un ver luisant! Une seule personne sait comment la petite créature est née et d’où elle vient: le généticien Roux, qui souhaite en faire un événement mondial. S’il parvient à générer des animaux brevetables brillant dans l’obscurité et à la couleur spectaculaire, sa fortune est faite, à tous les points de vue. Kaung, un oozie Birman (c’est ainsi que l’on appelait les cornacs au Myanmar: oozie, cavalier de tête) ayant accompagné la naissance de l’animal dans un cirque, ne l’entend pas de cette oreille (d’éléphant, suivez un peu!). Estimant que l’être merveilleux doit être vénéré, il rejoint Schoch et la vétérinaire Valérie dans une course-poursuite contre le chercheur cupide et ses complices asiatiques patibulaires (mais presque). Si son point de départ peut sembler pachydermique ou son delirium très mince -un alcoolique avec un éléphant rose, la bonne blague!-, Martin Suter trompe le monde et tricote un conte aussi fantastique que réaliste. Sous des atours de thriller élégant et azimuté, l’écrivain suisse questionne la place du sacré et de la bonté (non mais revenez quoi! ça change un peu du cynisme ambiant) dans un monde envahi par la technologie génétique et ses apprentis sorciers. Quelque part entre le récent film Okja de Bong Joon-ho et l’enchantement des premiers Murakami, le lecteur ne demande qu’à s’émerveiller.

F.DE.

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