Guillaume Canet n’est pas le premier acteur-réalisateur à se mettre lui-même en abyme dans un film où il se dirige dans son propre rôle. L’exemple le plus réussi avant le sien fut celui de Michel Blanc avec sa Grosse fatigue de 1994. Une comédie grinçante où la célébrité tourne au cauchemar éveillé pour un Blanc accusé de turpitudes qui sont en réalité le fait d’un sosie jaloux. Des comédiens ont aussi joué le jeu devant la caméra d’un autre, comme -et spectaculairement- John Malkovich dans Being John Malkovich (de Spike Jonze, en 1999). Chez les réalisateurs, le goût du « caméo » humoristique fut porté à la hauteur d’un art par Alfred Hitchcock, au point se susciter l’attente des spectateurs curieux de découvrir quand et comment il allait apparaître. Hitch s’est ainsi mis en scène à 37 reprises! Pour Lifeboat (1943), film se déroulant sur un canot de sauvetage où ont pris place neuf rescapés d’un naufrage, il arriva même à se placer sous la forme… d’une publicité pour un régime amaigrissant imprimée dans un journal lu par un des passagers. Si Woody Allen a beaucoup joué dans ses propres films, en intégrant volontiers des éléments autobiographiques, c’était toujours sous le couvert d’un personnage fictionnel. Mel Brooks assumant lui presque totalement quand il incarne un réalisateur nommé Mel Funn (!) dans le désopilant Silent Movie de 1976. Autre grand de la comédie américaine, Albert Brooks joua son propre rôle tout au long de Real Life en 1979. Plus économe de sa présence, Federico Fellini n’en signa pas moins une des plus mémorables et savoureuses mises en abyme avec son apparition dans Fellini Roma (1972). Il y suit la grande actrice Anna Magnani dans la nuit romaine, jusqu’à ce qu’elle lui ferme sa porte au nez après lui avoir lancé: « Va donc te coucher Federico. Il est tard! »

L.D.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content