E.T. téléphone pognon

Sous le soleil de plomb de la petite ville d’Alamogordo au Nouveau-Mexique, une légende urbaine prétendait que des milliers de cartouches d’ E.T. the Extra-Terrestrial reposaient, six pieds sous terre, depuis 30 ans. Armé de sa caméra, d’une autorisation de la ville et de tractopelles, Zak Penn prouvait en 2014 que la rumeur était vraie. Le réalisateur du documentaire Atari: Game Over montrait devant des journalistes du monde entier que le  » pire jeu de l’Histoire du jeu vidéo » y avait bien été enterré en douce par Atari.

E.T. téléphone pognon

Drogues, soirées en cascade et jacuzzi au bureau… De fameuses bamboches allumaient fréquemment le QG d’Atari au début des années 80. Howard Scott Warshaw, un de ses développeurs stars, ne trouvait alors pas anormal de prendre un jet privé flambant neuf pour aller pitcher un projet gaming d’ E.T. à Steven Spielberg. « Je ne sais pas exactement ce que j’avais pris avant de monter à bord, mais j’en débordais. » La descente fut très mauvaise. Si le créateur avait cartonné avec le très psychédélique Yars’ Revenge, les cinq semaines qu’il avait pour pondre E.T. the Extra-Terrestrial (contre huit mois pour le précédent) ont été fatales à sa carrière.

Reconverti en agent immobilier puis en psychothérapeute de la Silicon Valley, Howard Scott Warshaw a pu clore ce chapitre de sa vie, il y six ans. On le voit ainsi vaciller face aux 700 000 jeux déterrés sur le tournage d’ Atari: Game Over au Nouveau-Mexique. Le documentaire s’est d’ailleurs transformé en vrai happening puisqu’il a vu plusieurs centaines de gamers débarquer sur le site des fouilles. Détaillant le processus de localisation souterraine des cartouches, le long métrage qui invitait également sur place James Heller (l’employé d’Atari qui a enfoui les cartouches) restera dans les annales de l’Histoire du jeu vidéo.

Steven Spielberg et Howard Scott Warshaw
Steven Spielberg et Howard Scott Warshaw

Si le rétro gaming vaut aujourd’hui de l’or et que cette histoire prend donc des airs de chasse au trésor, elle met surtout en avant l’excès d’optimisme de l’industrie du jeu vidéo au début des années 80 et le krach qui a suivi. Ce fiasco a coûté 21 millions de dollars à Atari puisque sur les 4 millions de copies d’ E.T. produites seules 1,5 million d’unités se sont finalement vendues. Trônant au panthéon d’une série de navets alimentant la pop culture gaming (The Angry Video Game Nerd en a fait un film), E.T. sur Atari VCS a paradoxalement gagné en valeur. Une centaine de copies -propriété de la ville d’Alamagordo- ont ainsi été vendues à 1 000 dollars pièce tandis que d’autres se sont envolées pour l’Italie où elles reposent désormais au musée Vigamus de Rome.

chaque semaine, retour sur les meilleures tranches de l’Histoire bis du jeu vidéo.

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