Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DOCUMENTAIRE DE PHILIPPE KOHLY.

7

Il a marqué de son empreinte indélébile l’histoire du cinéma. Servi de modèle au jeune James Dean, joué le rôle de parrain (au propre comme au figuré) pour Pacino et De Niro et a même inspiré le roi du rock Elvis Presley qui lui a piqué la moto et le perfecto de L’Equipée sauvage. Alors que sa petite-fille inaugurait le 1er juillet dernier, dix ans tout juste après sa mort d’une fibrose pulmonaire à 80 printemps, un complexe hôtelier luxueux et écologique sur l’atoll de Polynésie qu’il avait acheté après Les Révoltés du Bounty, Marlon Brando fait l’objet d’un mini-cycle sur Arte. Outre Un Tramway nommé désir, l’adaptation cinématographique de la pièce de théâtre qui l’a révélé (choisi par Tennessee Williams himself) et La Poursuite impitoyable (The Chase), véritable réquisitoire contre le racisme signé Arthur Penn, la chaîne franco-allemande propose le portrait sinueux et tempétueux d’un des plus grands acteurs de tous les temps. Un petit paysan du Nebraska, solitaire et dyslexique, devenu presque par hasard l’un des monstres sacrés du 7e art.

Vérité des émotions

Au-dehors, le rêve américain. Au-dedans la souffrance. L’histoire de Brando, c’est celle, improbable, d’un gamin à l’enfance sinistrée, fils d’une alcoolique qu’il va chercher dans les cafés et d’un mec infidèle et violent pour qui cette comédienne a tout sacrifié. Celle d’un garçon d’ascenseur qui a poussé la porte d’une école d’art dramatique pour suivre deux jolies filles (womanizer, Brando aura une douzaine d’enfants de sept femmes différentes) et finalement y apprendre la méthode Stanislavski fondée sur la vérité des émotions qui l’aidera à bâtir sa légende.

Basé sur des extraits de films, des images d’archives et des interviews de sa biographe, ses amis, son agent, d’un Robert Duvall et d’un Bernardo Bertolucci, le documentaire de Philippe Kohly raconte un sauvage à la gueule d’ange devenu comédien aux charmes magnétiques. Chef d’une révolution paysanne au Mexique (Viva Zapata), figure du rebelle pour une jeunesse qui étouffe (L’Equipée sauvage), blessé de guerre paraplégique (C’étaient des hommes) ou encore général romain (Marc Antoine dans Jules César). Il évoque aussi son addiction au sexe (Marilyn Monroe, Grace Kelly, Ingrid Bergman, Marlene Dietrich, Ava Gardner, Ursula Andress, Rita Moreno entre autres figurent à son palmarès), ses attitudes égoïstes et narcissiques, ses actions pour l’Unicef, sa sympathie pour Martin Luther King et les Black Panthers, ses exigences financières démesurées et son pied de nez aux Oscars. Un portrait kaléidoscopique dans lequel on aurait juste aimé croiser davantage de gens du métier.

JULIEN BROQUET

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