REVISITANT LES RHYTHM GAMES SOUS LE PRISME DES JEUX DE RÔLE, CURTAIN CALL N’EST PAS QU’UN OBJET POUR FAN DE FINAL FANTASY.

Theatrhythm Final Fantasy: Curtain Call

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR SQUARE ENIX, ÂGE 3+, DISPONIBLE SUR NINTENDO 3DS.

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Nobuo Uematsu est un cas d’école rare dans l’Histoire du jeu vidéo. Le compositeur attitré des Final Fantasy a en effet vu ses bandes originales s’échapper du petit écran pour vivre sur disques et en concerts. Attendu au Trianon à Paris ce 8 novembre, l’artiste originaire de Shikoku (au sud du Japon) fait l’objet d’un hommage unique à l’échelle du gaming. Theatrhythm Final Fantasy: Curtain Call compile en effet ses fascinantes compositions épiques et orchestrales pour les transformer en rhythm game. Ou comment une BO de jeu se recycle en objet ludique indépendant.

Les jeux de rythme se pratiquant à la manette sont cliniquement morts depuis les aventures psychédéliques de Space Channel 5 et le rap animal de Parappa The Rapper. Le genre a de fait évolué pour s’entourer d’accessoires sur Rock Band et Guitar Hero. Plus récemment, il détecte les gestes du joueur sur Dance Central et Just Dance. Objet anachronique se pratiquant via l’écran tactile ou les touches de la 3DS, Curtain Call n’aurait pas pu exister sans son faire-valoir de fan service.

Depuis les thèmes surf, naïfs et kawaii liés aux Chocobos jusqu’aux musiques folk et world entourant Rouge XIII, la musique d’Uematsu a tissé un lien intime avec les phases de combats/exploration du jeu. Résultat: un affect pavlovien chez le gamersur des mondes qu’il a explorés des heures durant. Même pour le fan, difficile donc de plonger sur des morceaux qu’il ne connaît pas. En mains, le coeur du gameplay de Curtain Call pousse pourtant à l’effort, d’autant que le jeu met régulièrement « à la une » certaines compositions.

Danse avec les sous

Guetter l’instant T où un disque de couleur qui se déplace à grande vitesse se superposera à un cercle pour toucher l’écran: le titre de Square emprunte le principe de base des jeux de rythme classiques. On frappe donc le touchscreen de la 3DS au stylet, au bon moment, pour souligner certaines rythmiques des 221 morceaux offerts par le jeu. En mode difficile, la pluie de notes qui défile de gauche à droite de l’écran vire au cauchemar et il est obligatoire de s’aider de la musique pour prévoir les temps de frappe.

Ces phases musicales qui se complètent de glissades tactiles et de notes tenues se greffent heureusement sur une approche jeu de rôle finaude, jubilatoire et repensée depuis la précédente version. Soit des combats travestis contre des bad guys célèbres de la saga. Composition d’équipe influençant le type d’invocation disponible, bonus d’XP en pagaille et autre progression sur un damier en jeu de l’oie donnent un air de JRPG unique au titre.

Regroupant 24 épisodes de la saga et s’autorisant une poignée de détours bien vus sur Mystic Quest et Chocobo Dungeon, Curtain Call ravit autant qu’il écoeure. Le visage opportuniste de Square Enix y transparaît puisqu’il rassemble désormais tous les morceaux vendus en DLC(1) sur le premier épisode (sorti il y a deux ans). Difficile toutefois de ne pas remettre une pièce, les yeux fermés, dans le jukebox.

(1) DOWNLOADABLE CONTENT OU CONTENU TÉLÉCHARGEABLE PAYANT, DONT LES ÉDITEURS ONT TENDANCE À ABUSER CES DERNIÈRES ANNÉES.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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