Alors que Karaté Kid 2010 squatte le grand écran avec ses tribulations chinoises, le petit vibre à nouveau des aventures originales de Daniel-san en Blu-ray.

C’était le temps des rendez-vous galants au minigolf, celui du Cruel Summer de Bananarama et des bandanas ornant les vestes en jeans. C’était l’époque de la gloire pour Daniel-san et Monsieur Miyagi. En 1984, le premier volet de l’anthologie Karaté Kid sortait sur les écrans: il allait devenir le film culte de toute une génération. Des trentenaires qui l’évoquent aujourd’hui encore avec une tendresse toute particulière et le respect presque religieux que le héros vouait à son grand maître. Qui tentent toujours d’attraper les mouches avec des baguettes japonaises, et se laissent de temps en temps aller à la technique du héron sur une patte quand ils testent leur équilibre. Et qui songent aux conseils de Miyagi à chaque fois qu’ils lavent leur voiture (« Main droite lustrer, main gauche frotter. Lustrer. Frotter. »)

Karaté Kid fut LE film des petits scarabées des 80’s, et les dojos occidentaux lui doivent beaucoup. Parmi les raisons de son succès: des répliques impayables. En particulier celles du maître japonais, ânonnées, dans leur version française doublée (soit celle que tout le monde a vue), dans un style petit nègre du meilleur effet. Du genre: « Homme qui attrape mouche avec des baguettes est homme qui réussit tout. » Ou encore: « Abeille quand fait le miel va chercher jeune fleur et non vieux fruit. »

Seconde arme de séduction du film: la tronche à Daniel-san. Le regard vide de Ralph Macchio, sa tête de mouthbreather. Sa gentillesse et son avidité de connaissance un peu niaise. Un Ralph Macchio qui avait quand même 21 ans lors du tournage du premier film, et 28 lors du 3e -alors qu’il était censé jouer le rôle d’un gamin de 15-16 ans, ceci expliquant peut-être cela. Aujourd’hui, à 48 ans, il ne joue plus que son propre rôle dans des séries télévisées où il est à la fois objet de fascination et de moquerie.

Autres arguments de la collection Karaté Kid (I, II, et III): l’universalité d’un récit initiatique où le mentor et l’élève s’enrichissent mutuellement de leurs particularités, l’exotisme d’un art martial qui doit permettre de renverser la violence de l’adversaire contre lui, et un schéma « David contre Goliath » -toujours un succès auprès des plus jeunes.

De « san » à « xiao »

Voilà qui a donné des idées à des producteurs gourmands qui ont décidé d’en tourner une version 2010. Non pas une suite des aventures de Daniel-san, mais bien un remake. Un refaisage quasi plan par plan du premier, agrémenté de l’exotisme du second qui voyait le jeune karatéka faire un voyage au Japon.

Cette fois-ci, le héros est un garçonnet de 12 ans, Dre (Jaden Smith, le fils de Will, à surveiller assurément). Qui suit sa mère mutée en Chine dans un clapier de Pékin, reçoit une série de raclées des caïds du coin (avec un méchant Chinois dans le rôle de Johnny-la-mobylette), et s’instruit auprès de l’homme à tout faire de son immeuble (Jackie Chan) pour leur rendre la monnaie de leur pièce. Curiosité: dans cette version, l’art martial pratiqué est le Kung-fu (cherchez l’erreur). Copie presque conforme du film de 1984, Karaté Kid 2010 lui pompe jusqu’à ses incohérences scénaristiques et ses représentations féminines fragiles et gémissantes. Aucune opération notable n’y a été effectuée pour intégrer le récit à une époque contemporaine différant quelque peu des 80’s -à part peut-être l’insolence d’un gamin qui n’osait pas répondre à sa mère jadis, et ses loisirs électroniques. Malgré tout, le film cartonne partout où il passe, dans des salles composées majoritairement d’adultes nostalgiques. La preuve que quand la médiocrité rappelle de bons souvenirs, elle a encore des disciples aussi assidus que ceux de Monsieur Miyagi. l

u Karaté Kid (2010)

Film d’arts martiaux de Harald Zwart. Avec Jaden Smith, Jackie Chan,

Taraji P. Henson.

u The Karate Kid I & II – Édition collector

Films d’arts martiaux de John G. Avildsen. Avec Ralph Macchio, Pat

Morita. Coffret 2 Blu-ray. Distribué par Sony Pictures Home

Entertainment.

Texte Myriam Leroy

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