Le kobaïen

Groupe de zeuhl, « une sorte de mémoire cosmique en relation avec l’Univers, qui aurait mémorisé tous les sons existants dans les profondeurs de notre esprit » (euh, oui…), Magma a exercé une influence considérable sur le jazz rock et l’avant-garde. Dans un but lyrique, il s’est aussi conçu sa propre langue: le kobaïen. Jamais à court de légendes et de conneries, Christian Vander, son allumé de fondateur, a notamment prétendu l’avoir inventée un beau soir alors qu’il regardait sur Arte (qui n’existait pas encore) un vieux film russe (mais en fait polonais), Les Chevaliers teutoniques, tout en fumant un pétard et en écoutant en fond sonore un vieux vinyle de son idole John Coltrane. Né de manière naturelle (« contrairement à l’esperanto« ), truffé de h, de k et de trémas, et au final accompagné d’un lexique, l’idiome lui a permis de raconter l’épopée de terriens ayant choisi l’exode et atterri sur une planète lointaine dépourvue de cons et nommée… Kobaïa.

L’hopelandic

« On va juste changer à jamais la face de la musique et la manière qu’ont les gens de s’y référer« , déclaraient jadis en toute modestie les membres de Sigur Ros. Quand il ne chante pas en islandais, à peine plus compréhensible il faut bien l’avouer, Jonsi s’exprime dans un langage de sa propre invention. Pas de dico ou de grammaire. L’hopelandic, ou volenska dans la langue natale de Sigur Ros (terme qui fusionne le mot « espoir » et un phonème venu de ces terres du soleil de minuit) n’est en fait qu’une suite de sons collant à la musique et un moyen pour ces extra-terrestres de laisser le champ de l’interprétation totalement libre aux auditeurs. D’où le livret aux douze pages blanches et les chansons sans titres de son troisième album ( ). La technique est aussi utilisée par l’Australienne Lisa Gerrard.

Le klokobetz

Originaire de Seine-Saint-Denis, (Labyala) Nosfell s’est construit un monde et un univers singuliers en s’inventant un domaine imaginaire, le Klokochazia, et en se créant le dialecte qui allait avec: le klokobetz. « Petit, déclarait-il il y a quelques années dans Libération, mon père me réveillait en pleine nuit pour que je lui raconte mes rêves. Ensuite, il les prolongeait à travers des histoires dans des langues que je ne comprenais pas. » Disparu alors qu’il n’avait que treize ans, ce paternel polyglotte autodidacte lui a légué des listes de mots dont Nosfell, qui a entamé des études de langues, a essayé de trouver les traductions mais auxquels il a fini par donner des sens arbitraires. Le Français a ensuite construit une syntaxe sur la prosodie de son papa et la musicalité de sa prononciation.

J.B.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content