Dixit Céline Sciamma

« En ce moment, je flashe sur des oeuvres anciennes que je découvre. Ce sont souvent des femmes car je suis dans cette dynamique: j’aime retrouver ces voix du passé qui ne nous ont pas été transmises. C’est bouleversant de voir à côté de quoi on est passés. J’en veux à tous ceux qui ont le pouvoir de raconter, qui ont d’une manière ou d’une autre participé à cette politique d’effacement des autrices. C’est du sabotage. J’en veux au patriarcat. Récemment, j’ai découvert une poétesse américaine, Mary Oliver, qui est morte cette année. La correspondance amoureuse entre Liane de Pougy et Natalie Clifford Barney, qui vient d’être publiée chez Gallimard, est aussi une belle découverte. J’ai adoré cet été écouter le podcast de France Culture sur Virginia Woolf (Les Grandes Traversées, par Simonetta Greggio, NDLR). Je suis touchée par ces fantômes qui reviennent, qui sont vivants. Après, j’ai l’impression d’être nourrie par des pensées que je cherche: ça passe par des lectures, le travail des militantes, des chercheuses. Les succès de librairie montrent qu’il y a une pensée qui émerge et qui est accessible. Si je devais conseiller une jeune femme aujourd’hui, je lui dirais de lire l’anthologie des articles de Gloria Steinem, le livre de Valérie Rey-Robert Une culture du viol à la française, Sorcières de Mona Chollet, Caliban et la Sorcière de Silvia Federici. De lire aussi de la littérature: les romans de Cookie Mueller, le journal de Susan Sontag. J’ai relu Annie Ernaux cet été, La Femme gelée, par exemple, sur l’histoire des féminités populaires. Il y aussi Virginie Despentes, mais ça c’est acquis, j’ai l’impression: c’est une entrée en féminisme pour beaucoup de jeunes filles -et pas que, d’ailleurs. »

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