Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

DIVINE IDYLLE – SOMBRE, ÉLECTRIQUE, CONTAGIEUX: TROIS PERSONNALITÉS DE LA SCÈNE ROCK INDIE AMÉRICAINE S’UNISSENT POUR SORTIR A THING CALLED DIVINE FITS. UN GRAND PETIT DISQUE.

« A THING CALLED DIVINE FITS »

DISTRIBUÉ PAR ANTI/PIAS.

On a beau dire, le terme de supergroupe reste un concept flou. Souvent trompeur (le résultat vaut rarement la somme des parties), il est également très relatif. Au centre de Divine Fits, on retrouve Britt Daniel (Spoon) et Dan Boeckner (Wolf Parade, Handsome Furs), rejoints par le batteur Sam Brown (New Bomb Turks). Soit le rassemblement de plusieurs membres éminents de la scène rock américaine, tenants d’une certaine idée de l’indie en particulier. Mais pas non plus les superstars qui font fantasmer les foules. Est-ce pour cela -parce qu’on ne mobilise peut-être pas les mêmes attentes que pour un montage XXL du type, au hasard, Them Crooked Vultures-, que Divine Fits surprend, séduit et emballe?

Les faits sont là: loin de toute construction artificielle, Divine Fits sent la spontanéité, le coup d’adrénaline jubilatoire. Pour l’un de ses membres, on peut même penser qu’il a servi d’exutoire. En mai dernier, Dan Boeckner annonçait la fin officielle de Handsome Furs, extension musicale du couple qu’il formait avec Alexei Perry. L’ironie sauve de tout: c’est lui qui débute l’album des Divine Fits, avec un morceau électro-pop minimaliste et glacial, intitulé My Love Is Real.  » Until it stops« …

Profession de foi

Boeckner et Britt alternent au micro: le premier avec un timbre new wave sec et tendu, le second avec des accents plus vinaigrés ( Flaggin A Ride). Pas le moindre sens de la compétition ici, aucune bataille d’égos. Les deux leaders chantent toujours au service des chansons. Une fameuse collection, en l’occurrence. Les morceaux de Divine Fits n’ont rien de compliqués ou de savants. Mais ils disent plus en 3, 4 minutes que certains albums. C’est aussi cette conviction qui rend un disque comme A Thing Called Divine Fits terriblement attachant, cet entêtement du trio à penser qu’une chanson reste quelque chose d’important, qu’une simple suite d’accord peut parfois laisser bien plus de traces qu’on ne le pense. La course de What Gets You Alone, par exemple, qui s’achève dans le grésillement électrique des guitares ou, à l’inverse, la respiration acoustique de Civilian Stripes, en passant par la synth-pop crépusculaire de The Salton Sea: le terrain de jeu varie, mais pas l’implication des joueurs. Même quand ils reprennent Shivers, l’un des premiers succès des Birthday Party de Nick Cave (encore sous le nom de The Boys Next Door), ils en donnent une version viscérale, quasi héroïque.

Bien sûr, A Thing Called Divine Fits n’amène rien de particulièrement novateur et n’avance absolument aucune prétention autre que la sincérité de sa démarche. En d’autres mots, il y a peu de chance qu’il se retrouve en tête des prochaines listes des « meilleurs albums de 2012 ». Un disque de série B, donc? Certes, mais alors de ceux qu’on chérit, qui vous accompagneront longtemps, souvent davantage que certains soi-disant « chefs-d’£uvre ». My love is real… l

LAURENT HOEBRECHTS

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