FACE AU RÈGNE DE LA DANCE DE GRANDE SURFACE, LES FRÈRES LAWRENCE RÉPONDENT AVEC UNE DEEP HOUSE AUSSI CLASSIEUSE QU’EFFICACE. BACK TO THE NINETIES…

On parlera de cycles. Action-réaction. Après des années de beats agressifs (la turbine) ou paranos (le dubstep), la dance music semble avoir retrouvé une certaine légèreté. Le carton actuel du duo Disclosure le démontre: oui, il y a encore moyen de balancer des grooves à la fois efficaces et chaleureux, sans forcément sombrer dans la vulgarité.

Le premier album de Disclosure, Settle, vient tout juste de sortir (lire Focus n°23). Mais cela fait plus de deux ans que les frères Lawrence font parler d’eux, à coups de maxis ou de remix bien tapés. Au départ, Guy (1991) et Howard (1994) viennent bien d’une famille musicale. Guy: « Notre père avait un groupe, avec lequel il a pas mal tourné, jusqu’au Canada. Et notre mère produisait des jingles pour la radio. » A 3 ans, l’aîné reçoit son premier kit de batterie. « Ma mère en avait marre de m’entendre frapper ses casseroles sur le sol de la cuisine… » Plus tard, arrivent les premiers groupes indie rock. « Mais rien de très sérieux. »

Plaisir coupable

Puis un jour, en 2009, ils tombent sur le morceau Hyph Mngo de Joy Orbison. C’est la révélation. « Au collège, j’avais pas mal de potes qui venaient de Croydon (le berceau du dubstep, dans le sud de Londres, ndlr). Ils ne juraient que par ça. C’est une musique que l’on a toujours appréciée, mais dans laquelle il nous a toujours manqué quelque chose: un élément plus musical, plus mélodique. En écoutant Hyph Mngo, on découvrait tout à coup qu’il était possible de faire les deux, de combiner le côté novateur du dubstep avec des éléments plus pop. » S’ils se branchent alors sur la production électronique, c’est aussi parce que le rock leur semble être devenu une impasse. Howard: « C’est normal. Le format existe depuis tellement longtemps, on a déjà essayé plein de choses. Il y a toujours moyen d’écrire des grandes chansons, mais une guitare sonnera toujours comme une guitare. Avec l’électronique, il y a moyen d’encore défricher des nouveaux terrains, trouver de nouveaux sons. »

Ironique, quand le disque Disclosure pioche lui-même allègrement dans de vieilles recettes deep house, UK garage et autres, des années 90? Les frangins sont lucides. « On ne dit pas qu’on amène quelque chose de neuf, loin de là. Par contre, des gens comme Flying Lotus par exemple sortent des disques qui ne sonnent comme rien d’autre, complètement novateurs. Il n’y a que dans l’électronique que c’est encore possible. »

Dès le départ, Disclosure a été rattaché à des influences que les principaux intéressés connaissaient pourtant à peine. Ces deux dernières années, les deux apprentis ont donc rattrapé leur retard, bouffé de la house et de la techno à la chaîne. Aujourd’hui, ils revendiquent un son -certes déjà entendu, mais ultra efficace, un vrai plaisir coupable. Une écriture pop aussi. Mais plus encore, un certain esprit: si Disclosure assume volontiers une filiation avec les années 90, elle est autant dans l’attitude que dans le son. « Les nineties furent un moment charnière pour la dance. C’est l’époque des premiers crossovers, quand la house a rejoint la pop, tout en restant classieuse, sans tomber dans le cheesy. Aujourd’hui, quand on regarde les stars de la dance qui dominent les charts, type David Guetta et consorts, ils écrivent aussi des couplets-refrains, mais c’est de la pure merde. On a envie de ramener quelque chose de plus élégant et raffiné. »

DISCLOSURE, SETTLE, DISTRIBUÉ PAR PMR/UNIVERSAL.

EN CONCERT LE 04/07, À ROCK WERCHTER.

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