Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

NOUVELLEMENT DÉBARQUÉE À BRUXELLES, LA GALERIE CHABAH YELMANI SE LA JOUE PROSPECTIVE À L’OCCASION D’UNE TROISIÈME EXPOSITION CONSACRÉE À YUKI KOBAYASHI.

New Gender Bending Strawberry

YUKI KOBAYASHI, CHABAH YELMANI GALLERY, 293 CHAUSSÉE DE BOONDAEL, À 1050 BRUXELLES. JUSQU’AU 05/05.

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Depuis le 23 janvier, Bruxelles compte une nouvelle galerie qu’il va falloir tenir à l’oeil. Aux manettes, Chabah Yelmani, galeriste venu de Paris qui a préféré la Belgique à la France. Un de plus? Peut-être. Il reste que cet historien de l’art de 27 ans ne manque pas d’ambitions, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Preuve qu’il a les dents longues, notre homme a opté pour une galerie à la hauteur de plafond impressionnante, cinq mètres, dont les dimensions de « white cube » se prêtent aux projets les moins conventionnels. On aime également le fait que l’adresse soit excentrée, à deux pas du boulevard Général Jacques, « de l’autre côté des étangs » comme le souligne l’intéressé. Enfin, le galeriste est du genre à laisser carte blanche aux artistes qu’il invite car « un trou dans un mur, ça se rebouche« .

Le programme de Yelmani est résolument novateur et international. Pour ce faire, il n’hésite pas à prospecter à travers le monde, notamment dans les écoles d’art. C’est le cas de Yuki Kobayashi qui sort tout juste du Central Saint Martins College of Art. A 25 ans, ce Tokyoïte est le plus jeune diplômé de sa promotion. Un talent à suivre? Cela ne fait pas de doute. L’exposition qu’il donne à voir jusqu’au 5 mai est pour le moins déroutante. A la fois tactile, acidulé, homogène et pluriel, ce premier solo show reflète les contours de l’univers d’un plasticien dont on n’est pas surpris d’apprendre qu’il a conçu des expositions pour les enfants autistes au Japon. Dès l’entrée, New Gender Bending Strawberry caresse l’oeil avec ses touches de couleurs dignes d’une bonbonnière.

Projet global

« J’ai atterri sur la Terre d’une planète appelée New Gender Bending Strawberry. Ma tête est rouge. Ma peau est argentée. Mon sexe est camouflé au ruban adhésif. Je mangeais des fraises tous les jours. » Tel est le pitch qui sert de point de départ à l’exposition de Yuki Kobayashi. L’idée? Fuir le monde qui l’entoure en se changeant en fraise. Pour ce faire, le Japonais a envahi les deux niveaux de la galerie, laissant très peu de place au vide. Le sol du rez-de-chaussée est colonisé par une fourrure synthétique rouge dont les poils dessinent d’étranges reliefs. Aux murs, d’énormes mannequins argentés coiffés de bonnets vermillons. Des toiles peintes et cousues façon « mixed media », dont un imposant triptyque, prolongent la grammaire formelle de l’artiste à coup de courbes et de variations chromatiques. Au sous-sol, l’atmosphère est encore plus envoûtante. Un mannequin gît sur le sol cerclé d’une bande autocollante qui suggère une scène de crime. A raison, c’est à cet endroit précis que Kobayashi a performé par deux fois -le 9 et le 25 avril. Tapissée de la même fourrure rouge, cette cave utérine donne à voir des autoportraits photographiques, des trompes argentées qui sortent des murs, des sortes de pompons oubliés sur le sol, des pinceaux usagés, des taches de peinture… Pas de doute, Yuki Kobayashi représente bien « un univers étrange qui n’existe pas sur Terre« . Il va falloir faire avec, comme on dit en Belgique.

WWW.YELMANIGALLERY.COM

MICHEL VERLINDEN

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