Deux Hollandais à Naples

DE ÁLVARO ORTIZ, ÉDITIONS RACKHAM. 32 PAGES.

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Quel est le grand point commun entre Elvis et Le Caravage? Il y aura toujours un indécrottable fan pour prétendre que son idole n’est pas morte, que le fils de la concierge de la grand-mère a un ami dont la cousine a vu le maître rentrer dans une boulangerie, pas plus tard qu’il n’y a pas longtemps. La fan mania ne date pas d’hier. La preuve, en 1617, Gerard van Honthorst et Dirck Van Baburen, deux peintres hollandais, font le voyage de Rome (où ils résident) vers Naples, sur les traces de Michelangelo Merisi da Caravaggio. Ils visitent les différentes églises et monastères où les toiles du célèbre peintre sont exposées. Tout cela donne soif. Et ils se retrouvent à descendre des bières dans la taverne où leur dieu venait régulièrement se rafraîchir le gosier et tâter de la chair fraîche. Après quelques verres, les voilà beaucoup plus réceptifs aux différents racontars qui entourent la mort du Caravage, colportés par les soiffards de la taverne. Résultat: une solide gueule de bois pour nos deux compères… et une fin en queue de poisson pour le lecteur.

Comme le précédent livre d’Álvaro Ortiz, Deux Hollandais à Naples nous laisse quelque peu sur notre faim. Ce qui manque ici, c’est une intrigue: l’histoire de ces deux midinettes n’est pas passionnante. A priori, on n’est pas trompé sur la marchandise: vu la finesse du livre, on se doute qu’il n’y aura pas de récit choral à tiroirs comme l’auteur espagnol nous y avait habitués jusqu’ici. Par contre, le graphisme et les couleurs particulières sont au rendez-vous et l’objet est de belle facture. Mais l’intérêt réside définitivement dans le style narratif d’Ortiz, qui sait comment raconter une histoire. De plus, il a le chic pour parsemer le récit d’expressions et de comportements contemporains totalement décalés et très drôles, ce qui sauve l’ensemble.

C.B.

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