Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Darwin Awards – Jeune New-Yorkais farfelu adorateur de Baba, Darwin Deez s’impose comme l’un des nouveaux bricoleurs de la pop indé.

« Darwin Deez »

Distribué par Lucky Number.

C’est un fameux numéro. L’un des plus beaux zigotos de l’année. De ceux qu’on verrait bien remboursé par la sécurité sociale. Notre petit doigt, encore tout gigotant, nous dit qu’on va entendre de plus en plus parler de ses longues bouclettes, de ses chorégraphies bon marché et de sa pop bricolo. Darwin Deez est l’une des nouvelles sensations de la scène new-yorkaise. Un personnage attachant et improbable qui enregistre et joue des chansons joyeuses pour mecs et nanas tristes.

Comme ses parents, un psychologue et une enseignante, Darwin est un Baba-lover. Un adorateur de Meher Baba. Maître spirituel indien qui a discrédité les prétendus bienfaits de la drogue (surtout l’acide) sur le plan spirituel et a cessé de parler en 1925 pour ne plus prononcer un mot jusqu’à sa mort en 1969. Une figure tutélaire au même credo que Bobby McFerrin ( Don’t Worry Be Happy), qu’on vénère sans rituel ni obligation.  » On reste juste silencieux tous les 10 juillet pour lui rendre hommage. Mon père a écrit quelques chansons en son honneur, confie Darwin. Baba a éveillé en moi l’amour, la gaieté et sans doute un peu d’égoïsme. Je hais l’admettre mais il était un peu individualiste face aux petites choses de la vie. Si vous aviez par exemple 2 oreillers pour passer la nuit, il prendrait probablement les 2 pour lui…  »

Suicide Song

Bercé dans cet environnement spirituel peace and love, Darwin a écrit ses premières chansons à 11 ans. Et étudié à la Wesleyan University of arts, comme MGMT (des connaissances plus que des amis). Puis fait ses armes au Sidewalk Cafe. Un « Open Mic » new-yorkais qui a entre autres vu germer les talents d’Adam Green et de Regina Spektor.

S’il sort son premier album officiel ces jours-ci, Mister D, qui s’est lancé dans la composition avec un simple ordinateur et un micro bon marché, avait déjà enregistré un disque. Secret jusqu’ici bien gardé.  » Il est toujours difficile, je pense, de donner une vie publique à sa musique. Ce n’était pas le genre de truc qu’on partage aisément avec les gens. Trop bizarre. Trop abrasif. Trop expérimental.  »

Quand il évoque cette esquisse, le garçon prend Animal Collective, à qui il semble vouer une admiration sans borne, comme point de comparaison. Mais quand il s’agit de retracer son parcours, il avoue sans sourciller ses premières amours pour le Dookie de Green Day et le Last Splash des Breeders.

Ses pop songs à lui font plutôt penser à des Strokes joyeux ( Constellations) ou à la french pop de Phoenix ( Up in the clouds). Darwin est difficile à cerner.  » J’ai écouté des chansons pendant des années sans me soucier des textes. Mais si ma musique respire la bonne humeur, ce n’est pas le cas des mes paroles« , commente celui qui, à travers sa bien nommée Suicide Song, raconte la journée ordinaire d’un suicidaire hésitant entre le toit et la fenêtre. Darwin ne se pose pas ce genre de question. Décidé à forcer les portes d’un succès dont il détient même déjà probablement les clés. l

www.myspace.com/darwindeez

Julien Broquet

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content