DE FRANÇOIS OZON. AVEC FABRICE LUCHINI, ERNST UMHAUER, KRISTIN SCOTT THOMAS. 1 H 45. SORTIE: 10/10.

C’est la rentrée au lycée Gustave Flaubert, et c’est peu dire qu’elle s’annonce morose pour Germain (Fabrice Luchini), professeur de français conforté dans son désenchantement par la teneur des travaux que lui ont rendus ses élèves, des ados invités à retracer par écrit leurs dernières 48 heures. L’exception confirme la règle, c’est bien connu. Entendez que parmi des rédactions d’une égale (et hilarante) médiocrité, il s’en trouve une qui a le don d’attirer son attention, celle de Claude (Ernst Umhauer), relatant son incursion dans la maison d’une famille normale, les « Rapha », du nom de l’un de ses condisciples, expérience voyeuriste qu’il assortit d’une solide dose de cynisme et de dédain.

Persuadé, en dépit d’un ton interpellant, d’avoir déniché là la perle rare, et retrouvant du même coup son enthousiasme, Germain décide d’encourager Claude à poursuivre dans cette voie, non sans mettre sa femme galeriste (Kristin Scott Thomas) dans la confidence. C’est là le début d’un curieux manège, qui va voir le garçon s’immiscer toujours plus dans l’intimité des « Rapha » avec l’assentiment de son professeur, les bases malsaines de l’entreprise entraînant bientôt mentor et protégé dans une spirale incontrôlable…

Cinéaste prolifique, François Ozon s’est aventuré sur les terrains les plus divers, son £uvre se soustrayant aux classifications réductrices -façon le « Osé Ozon » auquel il eut droit de longues années durant, quand bien même Sous le sable témoignait, dès 2001, d’une incontestable maturité. Nouvelle pierre à cet édifice, Dans la maison vient confirmer la singularité d’un parcours à géométrie variable. Inspiré de la pièce Le garçon au dernier rang, le film adopte d’ailleurs la forme d’un mille-feuilles, multipliant les fausses pistes pour se révéler progressivement dans toute sa richesse. Sans se départir d’un ton grinçant, en effet, l’histoire ne tarde pas à quitter les rivages, somme toute réconfortants, de la comédie acide, pour en gagner d’autres, plus angoissants, où la manipulation règne en maîtresse incontestée, en un ressort classique de thriller psychologique. Surfant sur ce dispositif séduisant, le cinéaste l’assortit encore d’une réflexion ludique sur la création, réel et fiction se contaminant au gré d’une mise en abîme habile englobant par ailleurs le spectateur/voyeur -nul hasard, dès lors, à ce que le film se ponctue sur une citation du Rear Window de Hitchcock.

Puisque l’on est chez Ozon, il plane néanmoins sur l’ensemble un sentiment de souveraine légèreté, venue faire de ce film une expérience proprement bluffante. L’on s’invite avec un réel bonheur Dans la maison du réalisateur, ses occupants achevant de rendre le plaisir total, qu’il s’agisse d’un Luchini tout simplement impérial dans un rôle sur mesure, ou d’un Ernst Umhauer que l’on ne saurait mieux qualifier que de révélation. Un film à voir, et à revoir, tant la fiction s’y déploie en un stimulant infini de possibilités…

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