Damso maestro

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En trois albums, le rappeur bruxellois a récolté notoriété, gloire, succès, et la montre qui va avec. Avec l’événement Qalf, il a désormais aussi le temps.

Rarement un disque n’aura été autant « teasé ». Depuis Salle d’attente en fait, sa toute première mixtape en 2014, Damso avait lancé le mot d’ordre Qalf. Soit l’acronyme de  » Qui aime, like, follow« . Pour désigner quoi au juste? Une mixtape, promettait-il sur Ipséité, son best-seller de 2017. Vendredi dernier, Qalf a fini par atterrir sur les plateformes de streaming: il les a instantanément enflammées (sur Spotify, Damso fut ce jour-là l’artiste le plus streamé au monde!)…

Une surprise? Depuis Lithopédion (2018), Damso s’était fait (relativement) discret. Il a quitté son label -celui de Booba- pour monter sa propre structure, en indépendant. Baptisée 34 centimes, elle est comme un rappel de la galère des débuts – » Personne quand j’étais en hess/34 centimes dans le compte en banque » ( Mucho Dinero). Elle est surtout présentée comme la garantie de pouvoir faire désormais ce qui lui plaît, sans avoir à rendre de comptes à la concurrence, à une major ou même à son public. Il ne s’en est pas privé. À l’essentiel

Damso maestro

C’est cette liberté et cette nouvelle sérénité qui frappent sur Qalf. Le succès n’a pas toujours été facile à gérer, éreintant, au point de le laisser groggy. Damso semble cependant avoir désormais fait la paix avec certains de ses démons. Qalf n’évacue pas complètement les traits les plus « nwaar ». Par exemple pour rappeler l’actualité tourmentée de ces derniers mois -par deux fois, il glisse une allusion à la mort de George Floyd (sur MEVTR et Bxl Zoo). Mais les passages les plus grinçants sont réduits à quelques phrases, des exercices de style presque: Life Life, le grésillant D’ja roulé ou encore le duo avec Hamza, Bxl Zoo.

Ailleurs, Damso se fait plus personnel. Il l’a toujours été, parfois jusqu’à l’impudeur. Mais cette fois, plus question de remuer la vase des sentiments. Par endroits, il se fait même (presque) lumineux.  » J’me ramollis« , avoue-t-il sur 911, irrésistible slow r’n’b-funk eighties. Plus très loin de la chanson, c’est comme si Damso avait décidé d’épurer son propos pour aller à l’essentiel. Touchant, il évoque son fils – Deux toiles de mer– et sa mère, que la maladie a failli emporter ( Rose Marthe’s Love). Ailleurs, le riddim deep électro de Sentimental rappelle la doublette Praliné/JTC de Kalash, tandis que Coeur en miettes lui permet d’inviter son amie de longue date, Lous and The Yakuza. Né au Congo, en 1992, William Kalubi de son vrai nom rappe même pour la première fois en lingala – Pour l’argent- avant de s’offrir un duo avec la star Fally sur Fais ça bien. Une manière de mettre l’Afrique sur la carte de Qalf, sans jamais glisser dans la zumba de kermesse… C’est d’ailleurs à Kinshasa que le rappeur a tenu à lancer l’album. Dans une story Instagram, postée la veille de la sortie de Qalf, Damso filmait la ville, depuis sa chambre d’hôtel, avant de sourire face caméra, semblant réaliser tout à coup le chemin parcouru:  » Nan, c’est une belle histoire. » Et si elle ne faisait que commencer?

Damso

« Qalf »

Distribué par 34 Centimes.

8

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