Corto, avant Vivès

Bastien Vivès est en réalité le troisième dessinateur à s’emparer du personnage. Le Corto de l’Italien Hugo Pratt reste évidemment la matrice, la référence et l’ombre tutélaire de ceux qui ont suivi. Douze albums à peine, publiés chez Casterman entre 1975 et 1992, mais une oeuvre à ce point originale, unique et intemporelle, déjouant tous les codes qui jusque-là régnaient dans la bande dessinée, qu’elle reste aujourd’hui encore une des marques très fortes de l’éditeur, à grand coup de rééditions, d’intégrales ou de produits dérivés (des guides de voyage aux recettes de cuisine). C’est en 1967, avec La Ballade de la mer salée, que Pratt donnait naissance à son marin aventurier et poète, dans les pages du périodique italien Sgt. Kirk. Et, en même temps, à ce qu’on appellerait plus tard le roman graphique. Bastien Vivès n’est pas le premier à se frotter à Corto. Il y a six ans, et à la surprise générale, Casterman et l’ayant droit de Pratt confiaient la destinée de leur marin au duo espagnol Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero qui, dès leur premier album, se plaçaient dans l’exacte lignée chronologique et romanesque de leur prédécesseur – Sous le soleil de minuit (2015) se déroule en 1915, juste après La Ballade, et amène Corto de Panama à San Francisco, et de San Francisco au Grand Nord, dans l’ombre de Jack Kerouac et Pancho Villa- tout en affirmant une autre sensibilité graphique, qui ne jouait pas la comparaison. Deux autres albums ont depuis vu le jour, Équatoria et Le Jour de Tarowean. D’autres devraient suivre.

Corto, avant Vivès

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