Comme un ciel en nous

Il n’y a cette fois pas eu de nouveau record du monde, comme dans Bande à part, de Godard: c’est bien une nuit complète, que Jakuta Alikavazovic a passé au Louvre sur l’invitation des éditions Stock. Elle s’est naturellement tournée vers le lieu de résidence de la Joconde où, alors enfant, son père n’a cessé de l’emmener.  » Mon secret, c’est que je suis venue ici, cette nuit, pour redevenir la fille de mon père », dit-elle . Un père originaire de ce qu’on n’appelait pas encore le Monténégro, prétendument débarqué a Paris juste pour le Louvre. C’est donc un pas de côté que s’autorise ici l’autrice de Le Londres-Louxor: point de fiction, on est face à un récit intime. Lorsqu’en plein milieu de la nuit elle se rapproche de la Vénus de Milo pour dormir à ses pieds, c’est aussi pour serrer un peu plus fort ses souvenirs du musée et surtout de son père; comme cette fois où ce dernier l’oublia devant la célèbre statue.  » Et toi, comment t’y prendrais-tu, pour voler la Joconde?« , répète-t-il à chaque visite. Joue-t-il, ou est-il capable d’un tel forfait pour de vrai? Dans ce texte bref mais intense, cette véritable « travailleuse du texte » brouille les pistes. Jakuta Alikavazovic joue parfois, elle, avec le lecteur, mais ne triche pas avec les évocations touchantes de son esthète de père, comme un ciel en elle.

De Jakuta Alikavazovic, éditions Stock, 150 pages.

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