Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.40 ARTE

DE LAURENT JAOUI. AVEC OLIVIA BONAMY, CLAIRE BOROTRA, GRéGORY FITOUSSI.

Une histoire corse. Vieille de près de 200 ans. Celle d’Orso della Rébia, lieutenant de l’armée napoléonienne revenu sur l’île de Beauté après quelques années dans l’armée française. Sur le bateau du retour, Lydia, la fille du général de Neuville, va tomber sous son charme en apprenant que della Rébia (Grégory Fitoussi, pas mal en beau gosse inspiré) pourrait fort bien revenir pour venger son père assassiné 2 ans auparavant. Coincé entre son attirance pour Lydia (Claire Borotra, caricaturale surtout au début), son éducation citoyenne française et sa s£ur (Olivia Bonamy, comme investie d’une mission), qui le pousse à venger leur père, Orso della Rébia va devoir gérer ses dilemmes. Dans plus d’une heure et demie d’ennui quasi léthargique.

Excesssif

Pas facile d’adapter Prosper Mérimée en 2010. On sent que Laurent Jaoui, à la réalisation, et Olivier Gorce, à l’écriture, se sont appliqués à insuffler des hectolitres de force à leurs personnages. En n’évitant malheureusement pas l’écueil de l’immobilisme, voire d’une certaine caricature un peu lassante. Comme si chaque scène devait nous rappeler à quel point l’honneur et la soif effrénée de vengeance faisaient partie de l’ADN corse. Figés dans leurs rôles, les personnages, même secondaires, en deviennent passablement prévisibles. La mise en scène académique de Laurent Jaoui, à cet égard, donne un surplus de monotonie au récit initial: à force de vouloir appuyer sur des dialogues dits avec une conviction quasi théâtrale, le réalisateur oublie le rythme, la fluidité, la légèreté et ne fait qu’accentuer l’impression d’être confronté à une carte postale défraîchie. Son passé de documentariste n’y est probablement pas pour rien: on s’attend, scène après scène, à recevoir des leçons d' »histoire de la vengeance corse ». Difficile de blâmer Mérimée qui, en 1839, s’est inspiré de sa rencontre avec la passionaria vengeresse Colomba Carabelli pour écrire son texte. Mais on s’interroge sur l’intérêt qu’il peut y avoir à replonger, aujourd’hui, dans le cambouis des clichés sur la Corse. Cela dit, si ces bémols de forme et de fond vous indiffèrent, il reste une histoire mise sur pellicule avec une conviction certaine. Ce qui n’est déjà pas si mal dans le paysage du téléfilm français.

Guy Verstraeten

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