Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Écologiste engagée, mais toujours aussi féministe, la réalisatrice française signe un Solutions locales pour un désordre global (critique page 31) hardiment militant.

lle est toujours aussi franche, spitante (comme on dit chez nous) et passionnante dans ses raisonnements. Et ce n’est pas demain qu’elle renoncera à rêver d’une société meilleure, tout en fustigeant les erreurs (les horreurs) de celle où nous vivons. Pour la plupart des gens, le nom de Coline Serreau est avant toute chose associé au film Trois hommes et un couffin, qu’elle réalisa au milieu des années 80 et qui figure toujours, avec ses 12 millions de spectateurs, au nombre des plus grands succès du cinéma français. Mais celle qui signa aussi et notamment Qu’est-ce qu’elles veulent? (son premier film, un documentaire féministe), Pourquoi pas!, Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux!, La Crise et Chaos, a beaucoup apporté à son art. A commencer par une infatigable ardeur dans la promotion du bonheur et la critique de ce qui veut l’empêcher, de la culture patriarcale niant le rayonnement des femmes (jusqu’au voile, aujourd’hui…) à l’oppression sociale des marginaux, des plus faibles, par les privilégiés.

La crise

Aujourd’hui, Serreau revient au documentaire de ses débuts pour dénoncer les dérives de l’industrie agroalimentaire, la marchandisation du vivant, tout en exposant des éléments de solution au niveau le plus concret et le plus proche de nous.  » J’avais déjà commis un acte écologiste avec La Belle verte (1), rappelle la cinéaste, et l’idée de faire Solutions locales … s’est imposée à moi de manière quasi organique. J’ai commencé par tourner des interviews avec des gens que j’admirais et dont je trouvais que la parole n’était pas assez entendue. Ce qu’ils disaient était tellement bien que je me suis dit qu’il fallait que ça devienne un film. Je suis partie en Inde, en Ukraine, au Brésil, entre autres, pour réunir la matière.  » Elle n’a pas recherché de financement auprès des chaînes de télévision.  » Parce que les chaînes, ça enchaîne!« , éclate de rire une Coline Serreau tenant à rester totalement libre. Son film, poursuit-elle,  » répond à une double urgence: celle de la mort des sols, usés et abusés, et celle d’une crise alimentaire mondiale qui ne manquera pas de toucher, un jour pas très éloigné, les pays riches comme les nôtres. »

 » Trop lucide pour croire à une solution mondiale« , la réalisatrice a vu son espoir malgré tout stimulé  » par tout ce que font des gens pour promouvoir une agriculture réellement propre, et distribuer des produits sains dans leur environnement direct, en limitant les transports polluants, en respectant notre terre nourricière.  » Une terre que Coline Serreau célèbre dans sa nature féminine ( » l’agriculture était pratiquée par les femmes, avant que tout ne s’emballe vers les abus récents« ). Une pointe de féminisme où l’on reconnaît bien la cinéaste, dont le film ambitionne de  » nous faire reconsidérer notre place sur la planète, avant qu’il ne soit trop tard…  » l

(1) Un film de 1996 où débarque sur Terre une habitante d’une planète

lointaine où l’on vit en harmonie avec la nature.

Louis Danvers

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