Claudine Doury

© © Claudine Doury

Côté face, la photojournaliste; côté pile, l’artiste. En marge de son travail pour la presse, quotidienne puis magazine, Claudine Doury (née en 1959) explore sur le temps long d’autres territoires. Ceux lointains de peuples dont elle saisit les nuances et les mues dans des couleurs sourdes, comme quand elle interroge l’identité masculine russe dans un pays en mutation ou qu’elle chronique le quotidien et les rituels des « petits peuples » de Sibérie. Et ceux proches mais tout aussi instables et fragiles de l’adolescence, cette période de construction et de métamorphose à l’issue toujours incertaine. Entre 2007 et 2010, la Française a ainsi capturé les glissements de terrain d’un âge à l’autre de sa fille Sasha dans une série de tableaux oniriques qu’on dirait sortis d’un conte nordique. Créature à l’aura elfique, elle serre un renard empaillé dans ses bras, patauge dans la boue, marche littéralement sur l’eau d’un étang ou, comme ici, s’abandonne à la rêverie d’une discothèque imaginaire. Ces scènes d’une beauté troublante murmurent la gravité, les doutes et la mélancolie qui secouent cette période de grand désordre intérieur dont on ne guérit jamais vraiment.

Chaque semaine, hommage à un photographe qui a su capter l’essence inflammable de la jeunesse.

L.R.

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