Christopher Nolan, la possibilité d’un monde

Révélé il y a tout juste 20 ans par Memento, Christopher Nolan s’est rapidement imposé comme l’un des cinéastes les plus passionnants de sa génération, réussissant notamment à préserver sa vision d’auteur au sein de l’industrie hollywoodienne, qu’il s’empare du personnage de Batman ou qu’il tente l’aventure spatiale d’ Interstellar. Foisonnante, son oeuvre se prête à des lectures et interprétations multiples. Celles que propose le critique Timothée Gérardin dans ce court essai se révèlent en tous points passionnantes. Embrassant la filmographie de Nolan d’un regard panoramique courant de Doodlebug, court métrage réalisé en 1997, à Tenet, dernier opus en date du cinéaste, sorti l’été dernier, l’auteur pose d’emblée les paradoxes de son cinéma pour ensuite s’atteler à le décrypter en détail. Établissant l’incontestable cohérence de l’oeuvre – » Des rues de Following aux galaxies d’Interstellar , les films de Nolan ont avant tout changé d’échelle« , postule-t-il à raison-, l’auteur établit avec brio des passerelles entre ses différents opus. Manière d’en exposer avec limpidité les obsessions et les motifs récurrents -éclatement narratif, montage immersif, altération du point de vue, rôle du sommeil…-, à quoi se greffent des échappées inspirées. Ainsi lorsqu’il mesure Inception à Tous en scène, de Vincente Minnelli, ou lorsqu’il invite à réévaluer Tenet à la lumière du carré Sator. Voire quand, à rebours des idées reçues, il établit combien Nolan a fait  » des relations humaines le centre de gravité de son monde ». Soit un ouvrage érudit et accessible à la fois, raccord en cela avec le cinéma d’un maître des illusions…

De Timothée Gérardin, éditions PlaylistSociety, 128 pages.

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