Charlotte forever

Avec Mon chien stupide, c’est un peu comme si Yvan Attal apportait la dernière touche à un portrait de couple entamé en 2001 avec Ma femme est une actrice. Le temps est passé, et avec lui, la relation a évolué, mais Charlotte Gainsbourg reste là, immuable pivot d’une fiction empruntant, qu’ils le veuillent ou non, à la réalité de la paire qu’ils forment aussi à la ville. « Heureusement, il y a un livre, sourit-elle. On joue des rôles. Et j’espère en tout cas ne pas être aussi colérique et agressive que celui que je joue. Lui, je peux en témoigner, il n’est pas aussi sinistre. Après, bien sûr qu’on joue avec le fait qu’on est un couple dans la vie et qu’on a des enfants. On peut s’amuser de cette image, mais ça reste un peu anecdotique. Et cela me rassure: je n’aimerais pas du tout que les gens s’imaginent qu’on va trop loin à se montrer. Cette impudeur-là, j’espère qu’on ne l’a pas. »

Sentiments décuplés

Réserve correspondant à sa nature profonde, de toute évidence aux antipodes de l’exposition induite par la notoriété. « J’aime préserver un côté privé. Mais on ne peut pas mentir, on fait des métiers ultra-narcissiques, qui veulent que l’on se regarde à longueur de journée. On ne va pas se plaindre non plus de l’être trop. Cela me pesait au début. Quand L’Effrontée est sortie, j’avais quatorze ans, j’étais mal à l’aise avec moi-même et mon image. J’adorais jouer, et je me sentais très chanceuse, n’ayant pas choisi d’être actrice, de profiter d’expériences à droite à gauche. Mais une fois le film terminé, je ne voulais plus en entendre parler, je trouvais la promo horrible, tout m’emmerdait. Aussi parce qu’à l’époque, les gens voulaient que je leur raconte la vie chez moi, avec mes parents, ils étaient plus intéressés d’en savoir un peu plus sur eux que sur le film que je sortais. Donc ça, j’en ai eu une vue assez claire très vite… »

Experte dans l’art de se montrer sans se dévoiler, Charlotte Gainsbourg n’en confesse pas moins que tourner avec Yvan Attal n’a forcément rien d’anodin: « Il me connaît par coeur. Il est moins indulgent sur des choses qui pourraient passer pour un autre metteur en scène. Il est exigeant, justement parce qu’il me connaît, et qu’il sait donc ce qu’il aimerait avoir de moi, peut-être de moments qu’il a vus dans notre vie à nous et qu’il voudrait que je reproduise. Si cela sonne faux, il l’entend, et moi j’ai une certaine appréhension. J’ai envie de le séduire plus qu’un autre metteur en scène, qu’il soit plus fier qu’un autre metteur en scène. Tous les sentiments sont franchement décuplés: les moments difficiles le sont vraiment, et ceux d’euphorie, comme il y en a eu sur le tournage, je ne les ai pas vécus avec d’autres, et je trouve cela normal. Mais souvent, c’est difficile: comme je mets la barre très haut avec lui, et que j’ai plus peur qu’avec un autre, il y a une tension qui ne devrait pas être là, avec laquelle je dois m’accommoder. » Méthode ne lui ayant pas, c’est peu de le dire, trop mal réussi…

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