Ceux des marais

Dans un hors-temps atmosphérique qui évoque parfois l’archaïsme âpre mais poétique du Et filii de Patrick Da Silva (Le Tripode), Virginie Barreteau expose les relations limoneuses qui se tissent entre un docteur du cru et une poignée de familles rurales, tassées dans un entre-soi. L’homme se déplace pour ses consultations en barque plate et  » use parfois de mots compliqués pour faire autorité » mais lui aussi contient mal des désirs plus grands que ces marais, où l’on compte encore  » en moissons et en saisons« . Il fait encore usage de sangsues, ausculte les corps mais aussi les âmes à travers ses photographies et détecte chez chacun ce qui vibre sous la surface.  » Ici, prendre soin ne va pas de soi » quand des pères sont trop proches de leurs filles, que les veuves vacillent, quand la vie et la mort tiennent toujours à un filin. Un jour, Pacot est porté disparu. Le bouche-à-oreille raconte qu’il est parti de chez lui, mais la réalité semble plus trouble…Les saynètes de ce premier roman brouillardeux semblent receler des vérités stagnantes, le café dans les tasses de tous les jours semble parfois tiédi puis recuit mais les épiphanies ne sont pas rares. Ceux du marais s’imprime durablement dans le bac de nos esprits par une belle maîtrise du clair-obscur, un grain très singulier.

De Virginie Barreteau, éditions Inculte, 200 pages.

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