Certains souvenirs

Dix-sept nouvelles, autant de portraits troubles. Dans chaque récit, le lecteur se trouve confronté à une énigme qu’il lui appartient de résoudre. Le temps y semble définitivement suspendu. Quelques fils conducteurs les relient: la présence quasi constante de l’enfant, témoin des actes des adultes, la réflexion sur le désir d’enfant, l’idée de « départ » pour un ailleurs indéfini, les souvenirs qui bousculent les destinées… La rupture, l’épuisement, l’instabilité en sont d’autres constantes. La Berlinoise Judith Hermann puise au plus profond de ses personnages des émotions diffuses, enfouies, dont l’essentiel est occulté au profit du poétique. Son style incisif, ses phrases courtes qui rompent ses descriptions minutieuses morcellent un peu plus la cohérence des propos.Il y a quelque chose d’inachevé dans ses nouvelles, et les non-dits abondent au point de déstabiliser le lecteur qui ne peut plus se repérer. Les nouvelles avancent selon un procédé immuable: capter un instant fugace, creuser l’instabilité, puis laisser la porte ouverte à toutes les interprétations. Peut-être ce procédé monocorde n’est-il que le reflet de notre existence? Il n’est pas sûr que les lecteurs qui avaient aimé son roman Au début de l’amour se reconnaissent dans ce nouveau livre de Judith Hermann.

de Judith Hermann, Éditions Albin Michel, traduit de l’allemand par Dominique Autrand, 177 pages.

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