Centre

Sollers, c’est un peu comme la psychanalyse: on l’adore ou on l’exècre. Mais reconnaissons à l’auteur sa subtilité, son art du discours, son érudition. L’auteur de Femmes dresse ici le portrait d’une société malade et qui a besoin d’aide, au travers de quelques cas dérangeants qui nous renvoient à notre propre personne. Dans une structure éclatée, avec un fil conducteur que lui seul dirige, il insiste sur le besoin d’amour(s), le désir, les caresses, tout ce qui se loge au plus profond de l’intime. Il évoque la mère « frigorifique », celle qui n’a pas assez cajolé, l’angoisse sexuelle que l’Islam n’est pas près de guérir, le « désêtre » lié à l’ennui et à la solitude et l’incompétence de la religion… Bien sûr, il y a la cocaïne qui  » ouvre la clé des rêves ». Ou les médicaments qui permettent d’appréhender les névroses quand tout a été dit et montré. Car dans notre monde « post », sommes-nous encore capables d’inventer des modèles positifs? Pour Sollers, il n’y a plus d’espoir, contrairement à Nora, sa maîtresse psychanalyste, sa troisième oreille bienveillante que rien n’use ni ne choque. Dans ce recueil de voix entremêlées, Rimbaud, Montaigne, Homère et la Bible se répondent afin que le désir reste un  » réel joyeux » et vous permette de rejoindre le Centre, dans le sens pascalien du terme. Un délice…

de Philippe Sollers, Éditions Gallimard, 112 pages.

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