Campagne

 » C’est un pays de vert et d’eau. De collines aplaties par la charrue qui depuis mille ans soulève et repasse la terre… » C’est aussi un village qui voit sa population changer. La sociologie les appelle les néo-ruraux. Ils sont emplis d’idées nouvelles pour une agriculture différente. Pour sûr, le contact avec les locaux est spectaculaire, principalement les vendredis soirs -lors des « lâchers de vers », soirées open mic poétiques-, quand les piliers, comme le Fou, gueulent du fond du bistro devenu lounge:  » Dis-le moi, il fait comment pour boire, celui qui n’a que le RSA pour vivre? Tu crois qu’il va venir se payer ton IPA? Il n’en a rien à foutre de ton aïe pi hé! » Ils ne sont pas bien méchants ceux venus de la ville: Julien, le poète-jardinier, dont les légumes vendus en circuit court sont beaux même si la récolte est frugale. Il y a aussi Cédric, le voisin fermier convaincu de permaculture. D’autres, par contre, arrivent en territoire conquis. Matthieu Falcone scrute un petit monde à travers la bienveillance d’un narrateur, ancien agriculteur résigné. Si le trait pittoresque et caustique de l’auteur du Bon Samaritain s’apprécie comme une promenade dans les chemins boueux au fil des quatre saisons, on reste toutefois moins convaincu d’une seconde partie de roman où survient le drame. Reste un portrait réaliste d’une campagne confrontée à un véritable « choc des civilisations ».

De Matthieu Falcone, éditions Albin Michel, 304 pages.

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