California Love

© Israel Ramos

Deux ans après le carton, Anderson .Paak revient avec Oxnard, plus dispersé, moins personnel. Mais tout aussi attachant.

Le succès est un animal capricieux. Dans le cas d’Anderson .Paak, il a bien failli arriver trop tard. Cela faisait en effet un moment que le bonhomme frappait à la porte. Il a fallu que Dr. Dre l’invite sur son Compton, sorti en 2015, pour que sa carrière encore balbutiante prenne une autre tournure. Pour rappel, le légendaire producteur/rappeur avait booké Anderson .Paak sur pas moins de six morceaux (sur la quinzaine que comptait le disque, son premier en quatorze ans). Le genre de promo pour laquelle plus d’un aspirant chanteur/rappeur vendrait père et mère…

Pour autant, il serait injuste de ne voir en Paak qu’une créature de Dre. Quelques mois après Compton, son propre album Malibu démontrait d’ailleurs qu’il avait du talent et du charisme à revendre. Concentré de soul chaleureuse et bienveillante, le disque était porté par la voix atypique d’Anderson .Paak, mélange d’élan spiritual (il a longtemps joué de la batterie à l’église, au sein de sa congrégation baptiste) et de rugosité street. En outre, ses concerts ont fini de convaincre: showman à l’énergie bluffante, il rajoute sur scène une énergie communicative à son cool.

California Love

Soul brother

Deux ans plus tard, Anderson .Paak n’est donc plus vraiment un espoir, mais bien un artiste confirmé, dont on attend désormais beaucoup. Après Venice en 2014, et Malibu, voici donc Oxnard, du nom de la ville voisine de Los Angeles où il est né il y a 32 ans d’ici. Dr. Dre est à nouveau fortement impliqué. Quelque part, en mélangeant grain hip hop, soul seventies, et sucreries funky, Anderson .Paak confirme d’ailleurs la ligne dessinée sur Malibu. Ici et là, il fait pourtant mine de vouloir l’élargir, en glissant de nouvelles couleurs à son nuancier. Il procède par petites touches -les percussions et l’intro highlife de Saviers Road, le funk resserré de Who R U?, la sortie plus politisée de 6 Summers, etc. Paak ouvre également grand la porte aux invités. De Kendrick Lamar (le single Tints) à Q Tip ( Cheers) en passant par Snoop Dogg (plus détendu que jamais sur l’excellent Anywhere).

À force, on peut avoir l’impression qu’Anderson .Paak a un peu dilué son message au cours de la manoeuvre. Non pas qu’il se soit perdu en route. Mais là où Malibu mettait ses tripes sur la table, Oxnard semble moins avoir envie de se confier. Plus vulnérable, le premier était le genre d’albums que l’on pouvait garder pour soi. Son successeur affiche une assurance qui épate, mais séduit peut-être moins instantanément. Cela tient à peu de choses évidemment. Et pour tout dire, cela n’empêchera pas de continuer à creuser Oxnard. Des réminiscences seventies de Smile/Petty (rappelant Stevie Wonder) au charme tranquille de Trippy (avec J. Cole), l’album ne manque pas d’intérêt. Preuve surtout que, même s’il se disperse, Anderson .Paak reste bien l’une des voix soul les plus atypiques et attachantes du moment.

Anderson .Paak

« Oxnard »

Distribué par Warner.

7

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