Calcaire

DE CAROLINE DE MULDER, ÉDITIONS ACTES SUD-ACTES NOIRS, 224 PAGES.

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Physiquement effondré par un AVC, Frank Doornen l’est encore plus lorsqu’il découvre les décombres de la maison où vivait sa nouvelle compagne, Lies. Une habitation qui a été littéralement aspirée, dévorée par le sol comme le seront ensuite deux autres édifices du petit village de Riemst, situé dans le Limbourg belge. Quant à Lies, elle s’est volatilisée avec la villa… Le souvenir de l’ancienne maîtresse de Francis Orlandini, l’industriel véreux qui enfouit des déchets hautement toxiques dans les galeries de calcaire creusées par l’homme au cours des siècles, obsède le lieutenant à la figure fracturée et rendue asymétrique par l’accident cérébral. Aidé par Tchip, un ferrailleur… technologique, le militaire en rémission va entreprendre d’explorer les réseaux souterrains labyrinthiques, mais aussi informatiques et politiques, tous se révélant pour le moins crapoteux, voire repoussants.

Dans une langue puissante, entrecoupée de saillies en flamand et d’expressions atrophiées (« je paie meurtri sur l’ongle« ), le style à la fois réaliste, flamboyant voire accidenté de Caroline De Mulder évoque Faulkner. Et dans sa description hallucinante, quasi fantastique du Limbourg profond, de sa faune humaine et microscopique, Calcaire rappelle également par ses accents baroques dans la description de ce petit monde en ruine, de son univers sordide, les incantations sonores et les visions hallucinées de Et l’âne vit l’ange, roman sans cavité, mais non sans figures ébréchées, de Nick… Cave.

B.R.

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