Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

LE 9 MARS, L’IMPROBABLE C.W. STONEKING TRANSFORMERA LE BOTANIQUE EN NOUVELLE-ORLÉANS DE L’ENTRE-DEUX-GUERRES. VOYAGE VOYAGE.

Avec son look d’un autre âge et ses cheveux en arrière plaqués de chez plaqués, il ressemble un peu, pour parler belge, à Miam Monster Miam et Alex Callier. C.W. Stoneking n’est pas de notre temps. Il vit dans les années 20 et 30. Le blues de l’entre-deux-guerres.  » Un terme que je n’ai jamais compris. Comme si 14-18 et 40-45 étaient les seuls conflits armés de l’Histoire…  »

Guitariste et joueur de banjo, songwriter et raconteur, Christopher William Stoneking est un troubadour un peu givré. Du genre à se faire tatouer une pub pour des fausses jambes ou à vendre dans son merchandising de tournée une potion magique anti-moustiques.

Le loustic vient au monde à Katherine, en mars 1974, et est élevé jusqu’à l’âge de 9 ans par son père, Billy Marshall Stoneking. L’écrivain et professeur vit dans la communauté aborigène de Papunya où il est chargé d’offrir les rudiments d’un enseignement littéraire aux populations menacées d’une colonisation violente.

Le gamin déménage dans la banlieue de Sydney, se met à la guitare à 11 balais et joue dans son premier groupe à 13 piges. Le blues entre dans sa vie un peu plus tard. A l’adolescence. Quand il se met à écouter en boucles Robert Johnson, Blind Blake, Willie McTell et Memphis Minnie.

Paraît que Stoneking est une médiathèque ambulante. Qu’il possède une connaissance encyclopédique du blues, du jazz, du hillbilly et des chansons de vaudeville.  » Peut-être bien. Mais je n’ai commencé à collectionner des disques que l’an dernier. Quand je me suis enfin décidé à passer mon permis de conduire.  »

Le garçon fait ses débuts en solo à une époque où le blues n’a rien de bien populaire. Où on ne parle pas encore des White Stripes et des Black Keys (Stoneking est moins rock et plus roots)… En 1998, il fonde The Blue Tits qui se sépareront un an et demi plus tard à la mort de leur joueur de mandoline. Stoneking, lui, a plusieurs vies. Quand il ne loge pas au-dessus d’un bar, passant ses jours et ses nuits à jouer de la guitare et à boire, il squatte des fermes coupées du monde où il sert d’homme à tout faire. Devient l’assistant d’une espèce de marabout à La Nouvelle-Orléans. Prépare ses huiles magiques et ses envoûtements. Ou découvre le calypso du côté de Trinidad.

Marabout et naufrage

L’Australien, qui enregistre son premier véritable album, King Hokum, en 2005 (un disque distribué au départ en Europe par Voodoo Rhythm, le label du Reverend Beat-Man), semble sur la bonne route. Son successeur, l’incroyable Jungle Blues, sorti fin 2008, est une vraie pépite inspirée par une solide mésaventure. Selon la légende, Christopher William rencontre dans un bar de Port of Spain 4 scientifiques amateurs de vieux blues en route pour l’Afrique de l’Ouest où ils doivent étudier un type de parasite qui attaque les globes oculaires et rend l’être humain aveugle. Il chante toute la nuit, boit un peu trop de rhum ( » ma voix est plutôt due au whisky« ) et embarque avec eux pour un périple qui se termine en naufrage. Ce dont parle le premier morceau de l’album.  » J’ai terminé sur la plage. Passé quelques semaines avec des Pygmées. On a fumé des tonnes d’herbe. Et puis je suis rentré à la maison.  » Home sweet home… l

C.W. STONEKING, JUNGLE BLUES, DISTRIBUÉ PAR KING HOKUM.

LE 9 MARS AU WITLOOF BAR (BOTANIQUE).

JULIEN BROQUET

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