Bruno Dumont ne perd pas le Nord

Début août dernier, le réalisateur Bruno Dumont était récompensé par le 72e Festival du film de Locarno, sur les bords du lac Majeur, en Suisse. Le Pardo d’onore est un prix spécial du festival, récompensant l’ensemble de la carrière d’une figure marquante du cinéma et qui compte parmi ses lauréats Agnès Varda et Jean-Luc Godard, entre autres. Pourtant, ce n’est pas un film que le réalisateur de L’Humanité venait y présenter mais, en avant-première, sa nouvelle création télé. À la suite de P’tit Quinquin (dont il constitue le deuxième volet, un troisième étant d’ores et déjà annoncé) et de Jeannette, Coincoin et les Z’inhumains est la troisième incursion de Dumont sur le petit écran. Néanmoins, à longueur d’entretien, il ne se départit pas de l’appellation « film » pour évoquer Coincoin, tant il est manifeste qu’en dépit des différences techniques (tournage à deux caméras, timing moins long, contraintes de lumière moins importantes), il s’agit bien de cinéma. Nouvelle preuve de la submersion du 7e art sur le terrain des séries ou redéfinition d’un genre déjà entamée par ailleurs? Pour Bruno Dumont, c’est surtout l’occasion de poursuivre à la télévision l’artisanat qu’il défend sur grand écran, faisant notamment travailler des acteurs amateurs (à quelques rares exceptions, Twentynine Palms, Camille Claudel 1915) avec, souvent, une oreillette discrète pour leur souffler ses indications. Et de défier les codes esthétiques en rendant au Nord sa puissance évocatrice des récits humains.

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