Bras d’horreur

© Cristina Bercovitz

Clipping. joue avec les thèmes sanguinolents des films de genre sur un disque d’horrorcore malin et expérimental. Bouh…

Mars, l’un de ses célèbres représentants, se présentait comme la rencontre de Stephen King ou de Wes Craven avec le rap. Apparu dans les années 80, l’horrorcore est un style de hip-hop inspiré par le côté obscur de la Force. Avec des sujets comme le meurtre, le cannibalisme, le satanisme ou encore l’automutilation. Un genre évidemment gorgé de sang et de références aux films d’horreur. Clipping. y imprime une vision plus politique. Clipping., qui avait enregistré Knees on the Ground après la mort de Michael Brown, gamin afro-américain de 18 ans non armé abattu par un policier en 2014, a écrit cette année Chapter 319 pendant les manifs qui ont accompagné le décès de George Floyd, tué par un flic sous le nez de ses enfants. Sorti sur Bandcamp, le morceau a rapporté 20 000 dollars consacrés à défendre la justice raciale et son clip est devenu un mème sur TikTok. Plus de 50 000 ados rappant ses paroles:  » Donald Trump is a white supremacist« .

Deuxième volet d’un diptyque ( sequel, diront les amateurs de cinéma) entamé avec There Existed an Addiction to Blood, Visions of Bodies Being Burned enfonce le clou du cercueil dans les cadavres encore frais.

Si Clipping. plonge ses mimines dans l’hémoglobine et invite à partager ses visions cauchemardesques, il a intitulé un de ses morceaux (featuring les jumelles de Los Angeles, Cam et China) ‘ 96 Neve Campbell, une référence à l’actrice qui interprétait la protagoniste de la saga Scream. Le groupe citait d’ailleurs sa suite en annonçant la sortie de l’album. « Il y a quelques règles à respecter pour réussir un sequel. Numéro 1: le nombre de victimes est toujours supérieur. Numéro 2: les scènes de crimes sont toujours plus élaborées. Plus de sang, davantage de gore. Bonbon de carnage. Et numéro 3: ne jamais, quelles que soient les circonstances, supposer que le tueur est mort. »

Bras d'horreur

Des tueurs, ils en sont tous dans Clipping.; Jonathan Snipes et William Hutson, les deux producteurs, construisent un univers sonore à la fois expérimental, intrigant et accessible. Quant au flow mitraillette de leur rappeur, il atteint toujours sa cible ( Intro, Something Underneath). Très demandé ces derniers temps, Daveed Diggs, la voix de Clipping., a joué un ancien flic amené à enquêter dans un train en perpétuel mouvement après la découverte d’un corps émasculé dans la série dystopique Snowpiercer. Il a aussi interprété l’abolitionniste Frederick Douglass dans la série Showtime The Good Lord Bird. Et prêté son timbre à un personnage de Soul, le prochain Pixar (il y campe le voisin et ennemi du héros, on ne se refait pas). Le trio a entre autres embauché les mecs d’Ho99o9 (sur le sauvage Looking Like Meat) et le guitariste Jeff Parker (ex-Tortoise). Il a piqué le titre de son album aux Geto Boys et aux paroles de leur Mind Playing Tricks on Me. Et dit au revoir en réinterprétant Yoko Ono ( Secret Piece). Faites de beaux rêves.

Clipping.

« Visions of Bodies Being Burned »

Distribué par Sub Pop/Konkurrent.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content