Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le duo électro allemand sera de la fête, samedi, à Rock Werchter.

Y a-t-il encore quelqu’un pour lui en tenir rigueur? Malgré son intitulé, cela fait longtemps que le festival Rock Werchter ne se limite plus à son idiome de base. Au fil des années, la musique électronique a ainsi pris de plus en plus de place, des Chemical Brothers aux 2 Many DJ’s. « Le seul terrain où l’on peut encore trouver de la musique cool, c’est celui des clubs. C’est là que les trucs dingues arrivent. Dans les années 60, c’était le rôle de la radio quand elle jouait le dernier Beatles. Mais aujourd’hui la radio n’est plus un média dérangeant. Les concerts rock pareil: on y croise des tas de sexagénaires avec leur t-shirt Megadeth. Résultat: la culture jeune aujourd’hui est dans les boîtes. C’est là qu’il y a encore moyen de choquer les parents. La presse s’en rend compte. Et les festivals aussi. «  C’est Walter Merziger qui parle, la moitié du duo Booka Shade, formé avec Arno Kammermeier. Ce samedi, ils seront la tête d’affiche de la soirée au Marquee, le podium annexe de Rock Werchter.

L’appel de la forêt

Dans leurs bagages, un nouvel album intitulé More! qui, tout en ouvrant de nouvelles portes (les penchants reggae-dub de Regenerate), revient à l’essentiel: la piste de danse. C’est là que les fondateurs (avec M.A.N.D.Y. et DJ T) du label Get Physical ont toujours excellé. Movements (2006) reste ainsi un des disques essentiels des années 2000, avec ses 4, 5 classiques incontournables ( Body Language, Mandarine Girl…). Arno Kammermeier: « On s’est retrouvé un jour à jouer dans un festival au c£ur de la forêt brésilienne. L’endroit se trouvait à 3 h de route de Florianopolis. La scène était dressée au milieu des arbres, avec les singes qui sautaient de branche en branche. On se demandait ce qu’on faisait là, et surtout qui allait bien pouvoir venir jusque-là. Quand on est revenu le soir, il y avait 4 000 personnes qui chantaient toutes les lignes de basse de Body Language . Dingue! C’est tout le pouvoir de la musique, qui n’a pas forcément besoin d’une machine industrielle énorme. « 

Cette machine, le duo l’a bien connue. Dans une autre vie, Merziger et Kammermeier formaient un duo pop, qui collectionnait les tubes. Une situation en or que les 2 camarades ont décidé de quitter du jour au lendemain. Merziger: « La maison de disques dépensait des fortunes, on pouvait enregistrer dans des studios suréquipés. Mais ce n’était plus nous, on se perdait complètement. Alors, on a tout lâché pour se retrouver à composer dans notre salon, et ressentir à nouveau les choses. «  Avec succès. Sans aucune promo, les premiers maxis s’écoulent comme des petits pains, les concerts s’enchaînent.

Le duo a d’ailleurs toujours mis un point d’honneur à soigner son live. « Ceux qui ne le font pas ratent une occasion de faire de leurs morceaux quelque chose de plus grand. Evidemment, un titre comme West End Girls reste une chanson légendaire, que les Pet Shop Boys la jouent en concert ou pas. Mais aujourd’hui, cela devient plus difficile. Parce que ce sentiment collectif de célébration que vous trouvez en concert, vous ne l’oubliez pas. Il est différent que si vous aviez entendu le titre en radio. C’est quelque chose d’unique. «  La preuve samedi sous le Marquee?

Booka Shade, More!, Get Physical/Coop. Le 3/07, à Rock Werchter.

Laurent Hoebrechts

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