Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

LES ONDES MARTENOT OBSÈDENT JONNY GREENWOOD ET BERÇAIENT DÉJÀ L’OUVRE D’UN BREL OU D’UN FERRÉ. RENCONTRE AVEC L’UN DES 1ERS INSTRUMENTS DE LA MUSIQUE ÉLECTRONIQUE.

L’étrange voix venue d’ailleurs qui hante le générique de Star Strek est souvent considérée à tort comme la plus notable utilisation des ondes Martenot dans la musique contemporaine. Même Jonny Greenwood s’y méprend. Lui qui les considère comme l’instrument le plus important du XXe siècle. Lui, le praticien qui truffe tous les albums de Radiohead de cet ancêtre du synthétiseur depuis la sortie de Kid A. Lui encore, le grand gamin dont Olivier Messiaen, qui fut le premier à utiliser les ondes Martenot dans une £uvre de musique classique, est l’un des héros d’adolescence.

Alors certes, c’est un timbre de femme qui accompagne les aventures de monsieur Spock et du capitaine Kirk mais ça pourrait tout aussi bien être le doux son de ces étranges ondes musicales. Présentées au public à l’Opéra de Paris en 1928, les ondes Martenot constituent l’un des premiers instruments de musique électronique encore utilisés aujourd’hui. Violoncelliste, Maurice Martenot est dans les transmissions radio pendant la Première Guerre mondiale. En manipulant son poste, il réalise qu’il peut en faire varier la hauteur (grosso modo la fréquence) et décide d’utiliser le principe en musique.

Croisement entre l’orgue et le thérémine mis au point en 1917 dans l’ex-URSS, les ondes Martenot sont un instrument électronique à clavier dont le fonctionnement repose sur l’exploitation des différences de fréquences émises par des générateurs. Elles sont conçues à l’origine sur la mise en vibration électrique de 3 sources, des cordes tendues, un gong et des ressorts, et peuvent recréer une large palette d’instruments, de la flûte au basson en passant par le violon.

De Fantômas à Gorillaz

Les ondes Martenot se caractérisent par des sonorités étranges. Les plus connues, assez proches de ce que peut donner une scie musicale, évoquent des voix venues d’ailleurs. C’est sans doute ce qui explique leur utilisation récurrente dans le cinéma ( Lawrence d’Arabie, Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, La Marche de l’empereur, There will be blood) et tout particulièrement dans les films de science-fiction comme Fantômas, Ghostbusters, Mad Max ou Mars Attacks!

Mais Martenot n’a pas juste pris en otage les salles de cinéma. Il a aussi depuis longtemps contaminé la pop et la chanson française. C’est bien simple, il y a du Martenot chez Brel, Ferré, Ferrat et Bobby Lapointe. Bryan Ferry, Joe Jackson, Placebo, les Tindersticks et Patrick Wolf…

Toutefois, si certains comme Martin Gore et Matthew Bellamy en jouent eux-mêmes sur les disques de Depeche Mode et de Muse, les ondes Martenot ont leurs propres virtuoses. Christine Ott joue ainsi pour Dominique A, les Têtes raides, Yann Tiersen et Syd Matters… Tandis qu’un Thomas Bloch exerce ses talents sur les albums de Tom Waits, Marianne Faithfull, Vanessa Paradis et autres Gorillaz… Alors pourquoi se méfier des on… distes?

JULIEN BROQUET

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