Benjamin Epps

« Fantôme avec chauffeur »

Il n’a fallu qu’un EP à Benjamin Epps pour intriguer. Après Le Futur, paru fin de l’année dernière, les sept nouveaux titres de Fantôme avec chauffeur confirment la vista du nouveau venu. En l’occurrence, Epps est parfait dans le rôle du poil-à-gratter d’un scène rap hexagonale qui a eu parfois tendance ces dernières années à se reposer sur les acquis de sa récente mainstreamisation. « Différent, donc le rap game peut pas m’encadrer », annonce le jeune rookie, dès l’entame. De fait, Epps, qui a grandi au Gabon, dans le quartier Belle Vue de la capitale Libreville, cultive sa singularité. En l’occurrence, un amour pour le rap new-yorkais, et la scène boom bap nineties qui, en France, avait depuis longtemps cédé le pas à la trap (et aujourd’hui, la drill). Epps le fait avec goût -celui de citer par exemple Isha ( » Je n’ai confiance qu’en l’élasticité du durag« , sur J’ai leur attention). Et surtout une arrogance, voire une insolence particulièrement réjouissante. Sur le single Notorious, il annonce par exemple: « Booba a sorti le dernier album/ça y est, maintenant je peux prendre le trône ».

Évidemment, la référence aux Américains néo-classiques de Griselda -en particulier avec Westside Gunn, avec qui il partage le même timbre de voix aiguë- est incontournable, à la limite de l’exercice copycat. Produit par le Chroniqueur sale, Epps montre cependant qu’au-delà de l’influence un peu trop évidente, le talent est là, prometteur, capable de faire chauffer la technique ( Goom) comme de s’aventurer sur des registres plus sensibles ( Dieu bénisse les enfants).

Autodistribution.

8

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