Bendik Giske

© LUIS ALBERTO RODRIGUEZ

« Cracks »

C’est un peu le Colin Stetson du Grand Nord. Saxophoniste queer d’Oslo, Bendik Giske est un adepte de la respiration circulaire, du souffle continu. Une espèce d’homme-orchestre avec un seul instrument. Contrairement aux démonstration physiques du toujours impressionnant Stetson, les prestations de Giske se font plus fragiles. Giske utilise son instrument pour exprimer sa vulnérabilité et questionner la masculinité. Lui qui a souvent dû cacher son homosexualité dans le milieu plutôt masculin et viril du jazz. Notamment là où il a étudié, en Norvège et au Danemark (où sur 200 étudiants, disait-il, 90% étaient des hommes hétérosexuels). C’est quand il est tombé amoureux de la techno et a découvert le célèbre Barghain à Berlin, commençant à produire de la musique électronique, qu’il s’est mis à réenvisager sa relation avec un instrument dont il repousse aujourd’hui les limites. Giske a grandi avec ses parents artistes entre Oslo et Bali où il a appris à jouer de la flûte et du didjeridoo qui l’ont emmené sur le terrain de la respiration circulaire, des recherches spirituelles et des pratiques méditatives. Le saxophoniste, qui avoisine la quarantaine, travaille avec le monde du cinéma, de la danse contemporaine et du théâtre. Il trouve la clarté dans la collaboration avec des artistes d’autres horizons. Giske aime transformer la matière sonore et démontre comme Stetson ou un certain Mario Batkovic (qui préfère l’accordéon au saxophone) comment utiliser les petits sons d’un instrument. Enregistré avec le producteur André Bratten, Cracks est une célébration des états corporels et des comportements divergents. Un disque physique et subtil qui vit à travers l’empathie du souffle. Étourdissant.

Bendik Giske

JAZZ. Distribué par Smalltown Supersound/Konkurrent.

8

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