Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

De la soul music en français dans le texte? Compliqué mais pas impossible. La preuve avec l’oncle Ben et son premier album en mode rétro.

Difficile de passer à côté. Depuis quelques semaines, sa reprise de Seven Nation Army tourne en boucle sur les ondes radio. Un rhabillage soul vintage pour le tube rock des White Stripes: il fallait oser le faire. Surtout quand, comme Benjamin Duterde, alias Ben l’oncle soul, on naît du côté de Tours, vallée de la Loire, plutôt que dans un quartier de Memphis ou Detroit. Dans la foulée, le jeune Français vient de sortir son premier album. Un disque qui confirme l’option revival soul, piochant du côté des labels Motown ou Stax toute la matière nécessaire à ses élans vintage. A nouveau, on commence à en avoir l’habitude du côté anglo-saxon (de Raphael Saadiq à Jamie Lidell). La démarche est par contre plus inédite en francophonie.

La faute à la mère dans ce cas-ci… « Quand elle est tombée enceinte, ma mère a acheté le Otis Blue d’Otis Redding. Cela a dû laisser des séquelles, j’imagine. » Né en 84, Ben grandit donc sous l’influence de la collection de disques de soul maternelle. « Mon père est rapidement reparti en Martinique. Donc c’est vraiment la madre qui m’a transmis le virus: Donny Hathaway, Stevie Wonder, Sam Cooke, Aretha Franklin, Marvin Gaye… Il y avait bien un disque ou deux de Julien Clerc ou Cabrel qui traînaient. Mais c’est resté très marginal. » L’ADN musical du jeune métisse est donc déterminé. Il ne bougera plus. Plus tard, même le hip hop n’arrivera pas à le faire dévier de sa passion pour l’âge d’or de la soul. « Mes amis ont toujours écouté beaucoup de rap: Iam, NTM… C’est par eux que je m’y connais un peu. Cela fait partie de mon bagage, mais je n’ai par exemple jamais acheté un disque de rap. Je suis toujours passé un peu à côté. Je voulais de la mélodie, des voix rauques… »

L’effet papillon

Isolé, l’oncle Ben? En tout cas décalé, à l’aise dans sa petite bulle. « En général quand je passais un disque, on me demandait de mettre autre chose (rires). Du coup, je gardais plutôt ça pour moi, comme un jardin secret. C’est marrant qu’on en parle comme ça: je n’avais jamais réalisé, mais la musique a longtemps été quelque chose que j’ai fait un peu en marge, en solitaire. Je suis fils unique, j’ai l’habitude de me retrouver seul, avec mon truc. Plus tard, quand j’ai fait les Beaux-Arts, c’était pareil: j’adorais me retrouver dans l’atelier, avec mes sculptures, mes peintures… »

Dès le collège, le jeune Benjamin se promène aussi volontiers avec un n£ud papillon, qui le distingue de ses camarades. « Ce n’était pas trop la mode, mais ça me plaisait. C’est de là aussi que vient mon surnom: l’Oncle Ben. » Un pseudo que le bonhomme ne pourra garder tel quel, la fameuse marque de riz se réveillant au moment où il s’apprête à signer son contrat avec la branche française de Motown. Ce sera donc Ben l’oncle soul, histoire de ne pas trop s’éloigner malgré tout d’un nom qui a commencé à buzzer, via MySpace. Au final, le soulman alterne français et anglais, aussi étonnant dans le premier cas que convaincant et crédible dans le deuxième. Le tout sans prétention. En n’évitant pas tout le temps le pastiche, ou le rapprochement limite avec une certaine variété ( Partir). Mais avec assez de sincérité et d’allant que pour jouer son rôle de petit bonbon French soul. La preuve sur la scène de Couleur Café? l

u Ben l’on cle soul, Universal. En concert le 25/06, à Couleur Café, Bruxelles.

Laurent Hoebrechts

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