SI STROMAE Y A FRAPPÉ UN GRAND COUP, BRNS ET LES SPAGGUETTA ORGHASMMOND ÉTAIENT EUX AUSSI À AUSTIN POUR LE PLUS GRAND FESTIVAL DU MONDE. SOUTH BY SOUTHWEST EN MODE DÉBROUILLE…

Who The Hell is Stromae? L’affichette, que tout le monde a vue à Austin malgré l’effervescence bouillonnante de South by Southwest, les Spagguetta Orghasmmond l’ont accrochée sur leur clavier à trois francs six sous acheté au Cash Converters. Le duo carolo-tournaisien devait jouer dans le jardin de ceux qui les accueillent mais comme il fait un temps à ne pas mettre un Italien dehors, ils ont rentré leur matos dans la cuisine. Une vingtaine de personnes mi-amusées mi-consternées sont affalées dans le salon ou en grillent une sous la pergola devant ces héritiers « punks » de Charly Oleg. Tout en entonnant son hit cycliste Coppi e Bartali et le prochain hymne de Zèbres qui ne le savent pas encore (L’Amour à Charleroi), Mika Hell en tenue de crooner flamboyant empêche les spectateurs de sortir. Les musicos censés jouer après eux mais déjà sur les lieux étant donné les trois heures de retard… Le concert se termine par une farandole surréaliste, « ils appellent ça Conga Line ici« ,à laquelle tout le monde participe avec le sourire de l’Américain fatigué mais de bonne volonté.

« Les échanges, les contacts humains, c’est ce que j’aime dans la musique« , explique le patron du Rockerill à cause duquel l’avion New York-Austin est parti avec 40 minutes de retard. La tête qu’il faut pas sans doute. « Du temps de mon projet Les Têtes de l’art, ça m’avait déjà permis de faire le tour de la France, de l’Italie, de l’Espagne sans dépenser un balle. Nous avons tissé des liens privilégiés qui dépassent le cadre de la musique ces dernières années avec Portland et comme l’un des frangins qui dirigent Hovercraft, notre label américain, habite Austin, je leur ai suggéré qu’on fasse un truc à SXSW.  »

Tim Janchar est urgentiste. Son frère Mark travaille à l’institut du sommeil. Ils ont sorti une cinquantaine de disques sur leur petite structure. « L’idée pour nous, c’était de se faire plaisir. De s’assurer une petite promo avec Spagguetta, de faire un peu de tourisme. Puis pour Thomas et moi de voir un tas de concerts de gens qu’on pourrait inviter au Rockerill ou au Water Moulin. »

Les deux lascars ont sollicité l’aide de Wallonie-Bruxelles Musique. En vain. « Le dossier était en ordre mais on nous a répondu que nous n’étions pas assez connus et qu’on ne jouait pas en Communauté française. Surréaliste… Donc comme d’habitude, on a tout fait sur fonds propres et on a fonctionné à la démerde. Tom a par exemple laissé son instrument là-bas pour ne pas avoir à payer les frais de transport. Il l’a même vendu à la criée. Au final, 1000 euros avion compris pour dix jours de vacances, c’est pas mal. Puis, on peut se le permettre parce qu’on travaille. Mais ce serait impossible pour un groupe punk de Charleroi… »

Outre un deuxième concert (spectacle) à Austin, dans une de ses « places to be », l’Hotel Vegas, mais après la fin du festival, les Spagguetta ont joué à Houston. Le bâtiment qui date des années 20 était jadis un magasin de vêtements avec son atelier de confection. Il appartenait à la grand-mère de son actuel patron. « Un mec givré avec la même gueule qu’Henry Rollins. C’est un des endroits les plus dingues que j’ai vus. Quelque part entre la Factory et Emmaüs. On y a rencontré un type qui avait buté un alligator. Il s’est fait un plaisir de nous montrer les santiags, la ceinture et le portefeuille qu’il s’était fabriqué avec. »

Bilan positif et festif. Au Texas, où ils retrouvaient chaque matin une dizaine de corps dans leur jardin et leur salon, les Spagguetta ont rencontré les gens de Burger Records. Puis ceux aussi de Gnar Tapes avec lesquels Hovercraft a organisé ses concerts. Ils en ont également profité pour tourner leur nouveau clip sur le toit du Hilton, où est installée sa piscine, et dans sa salle de sport.

S’ils ont joué dans un magasin de disques après des types, les Dirty Few, qui vomissaient dans des poubelles pendant leur propre prestation, les Bruxellois de BRNS ont eux eu le droit à une date répertoriée dans le programme officiel de SXSW. Une soirée labellisée… Pukkelpop. « On n’a pas été payé pour ça. C’est plutôt: tu joues, tu te casses, résume le chanteur Timothée Philippe. Mais bon, c’est de l’investissement. Comme la belle famille de notre manager vit entre Dallas et Austin, et puisqu’on a bénéficié du soutien de WBM pour les tickets d’avion, on a réussi à limiter les frais à la location de van et de matériel…  »

Les retours sont on ne peut plus positifs. « Le personnel technique se foutait un peu de notre gueule pendant notre sound-check qui traînait. Pas vraiment dans l’esprit du festival et de son urgence. Mais on a eu au final pas mal de tapes dans le dos et de bons échos. Je ne sais pas si les gens s’attendaient à ce genre de son mais comme on jouait avant Son Lux, il y avait pas mal de monde. » « Après cinq minutes, tous les tracts avaient été embarqués, raconte Boris Görtz qui a réalisé la pochette de leur album et était du voyage. J’ai même vu des gens en prendre des photos pour choper le code de téléchargement. »

Malgré l’annulation de leur concert au French Legation Museum pour cause de mauvais temps, l’aventure fut riche en enseignements. « Ce jour-là, on a finalement joué deux fois dans un petit club où est notamment venu nous voir un membre de l’entourage américain de Stromae. Ce festival est complètement fou. Avec deux visages fondamentalement différents entre le in et le off. C’est du boulot de longue haleine mais les premiers contacts avec les States se sont bien passés. Des labels intéressés? Dans l’idéal, faudrait de nouveaux morceaux et y retourner l’an prochain. » Save the date.

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