Bakhita

de Véronique Olmi, Éditions Albin Michel, 464 pages.

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L’histoire de Bakhita, née en 1869 et décédée en 1947, est à la fois grandiose et douloureuse. Une courte enfance heureuse au Darfour auprès de parents aimants avant l’arrivée des négriers qui vendent, revendent, torturent, scarifient et humilient les esclaves survivants. Bakhita a quinze ans et derrière elle huit ans d’esclavagisme quand elle est emmenée dans les bagages du consul italien à Khartoum pour être offerte à une amie italienne, frustrée de n’avoir pas la fibre maternelle. Bakhita est dès lors désignée pour s’occuper d’une petite fille à laquelle elle s’attachera un peu trop avant de devoir la quitter. Affranchie et baptisée, elle est enfin prise en charge par des couvents italiens. Ce qui intéresse Véronique Olmi, c’est de comprendre pourquoi et surtout comment cette première femme noire entrée en religion a trouvé la force de survivre. Au-delà de la vie de la Sainte, la romancière privilégie un contexte historique dense: la montée de l’Islam en Afrique noire, les prémices de révoltes anticoloniales, les deux guerres mondiales et leur incidence sur la vie des couvents en Vénétie, où Bakhita servira aux Italiens fascistes d’objet de propagande. Véronique Olmi a écrit une véritable ode à la vie, même si les scènes de torture sont très cruelles. Un roman qui prend aux tripes et dont on ne peut sortir indemne.

M-D.R.

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