Bachelor

« Doomin’ Sun »

Si, à l’origine, l’indie rock a moins à voir avec un style précis qu’avec une certaine éthique (à la marge du big business des majors), il a malgré tout fini par désigner un certain genre au fil du temps. Doomin’ Sun en est un bon exemple. Par bien des aspects, le premier album de Bachelor coche en effet toutes les cases. Guitares qui fuzzent, voix qui traînent dans le brouillard, etc. Les principaux marqueurs sont là. Restait à les sublimer, histoire d’éviter tout revival creux. Pour cela, on peut compter sur le duo constituant Bachelor. Soit Melina Duterte, l’alter ego de Jay Som, et Ellen Kempner, vue à la tête du projet Palehound. L’une comme l’autre ont toujours cultivé un certain goût pour la mélancolie indie typique des nineties -avec des airs de bedroom pop pour la première, façon folky-grunge pour la seconde. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’elles collaborent ou partagent la même scène. Début 2020, juste avant la pandémie, elles ont loué un Airbnb, et rassemblé leur matériel pour entamer un projet plus conséquent. En deux semaines, elles ont posé les bases et enregistré quasiment seules Doomin’Sun. Spontané, le geste n’a rien perdu de sa fluidité en cours de route. Les voix de Kempner et Duterte s’accordent à la perfection, telles deux soeurs ruminant ensemble leur spleen, humour noir compris. L’écriture est précise, chaque morceau ponctué de petites surprises. Sur Stay in the Car, les guitares explosent et grésillent, rappelant les Pixies, tandis qu’ Anything at All ménage parfaitement ses effets, entre mélodie élastique et riffs rageurs, observant le chaos du moment avec effroi et fatalisme. À la manière du morceau-titre, imaginant assister à la fin du monde, résigné:  » At least it’s warm, at least we’re young« …

Distrribué par Lucky Number.

7

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