Bacchantes

« Il a vu aussi clairement qu’elle ses cent mille bouteilles, alignées, privées de lumière, couchées dans leurs cellules individuelles, aussi impuissantes que d’authentiques otages. Chacune est un condensé, une métonymie organique. » Spécialiste de la réappropriation des codes littéraires sinon cinématographiques, de la science-fiction ( Le Dernier Monde, 2007) au western ( Faillir être flingué, 2013), Céline Minard s’est lancée ici dans un savoureux jeu de massacre, en mettant en scène trois braqueuses burlesques (La Bombe, la Brune et la Clown, sans oublier le rat Illiad) à l’assaut d’une luxueuse cave à vins bunkerisée de la baie de Hong Kong. Si la monnaie d’échange de ce hold-up d’un genre inédit est d’essence ici bien plus alcoolique qu’humaine, la tension qui règne, à l’approche d’un typhon dévastateur, n’en fait pas moins disjoncter négociateurs et chefs d’équipes du Raid local -sans même parler de l’infortuné propriétaire de cette mine d’or en boutanches, le très épicurien (et imprévisible) Coetzer. De cet exercice périlleux, Minard se sort avec les honneurs, qui semble s’être beaucoup amusée à prêter à ces trois femmes fortes, descendantes directes des prêtresses dionysiaques, revendications originales (comme un nécessaire à maquillage) et surprenants coups d’éclat (comme un bowling improvisé avec grands crus en guise de quilles). On reste pourtant sur sa faim, tant la partie est brève -une petite centaine de pages et puis s’en va-, d’autant qu’au jeu du style les prouesses affleurent ( « Nous sommes dans une île, dans une cité, dans un submersible, inexpugnables. D’un entrepôt nous avons fait une campagne »). Alors, pourquoi donc mettre ses lecteurs au régime sec?

de Céline Minard, Éditions Rivages, 106 pages.

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