Babylone Express

Que voici un plaisant hommage, quasiment parodique, à une certaine « littérature de défonce », échevelée, des années 90. Rythmé à environ 750 bpm -ambiance splittercore sans foi ni loi-, ce premier roman, porté par une romancière au nom comme à la biographie éminemment sujets à caution, propose une plongée radicalement crue (dope, partouzes, violence) dans un monde parallèle où une lieutenante de gendarmerie pourrait se maquer à l’aise avec un artiste vegan activiste et cintré, pour un tour d’Europe (via le Maghreb) trash à souhait. « Je suis l’ex-fliquette devenue loubarde et toxico, lancée sur la voie de la rédemption », lance dans un constat Luna, rejetonne un peu poisseuse d’une aristocratie déchue, prête à n’importe quoi pour cesser de s’ennuyer ferme. Vocabulaire argotique en diable, écriture hachurée en montées/descentes permanentes de trips, envolées ultrarévoltées inégalement efficaces (sinon originales): le tout parvient à faire sourire à défaut de happer durablement l’attention, et s’enfonce allègrement dans la caricature outrancière sans heureusement jamais se prendre au sérieux. De quoi titiller sans doute les jurés du prix de Flore, et surtout susciter chez le lecteur une forme de mélancolie amusée pour un genre qui fut un temps exploité jusqu’à la corde.

de Mathilde-Marie de Malfilâtre, ÉDITIONS Le Dilettante, 252 pages.

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