Avant les années terribles

Tranquillement assis dans son appartement barcelonais, un homme raconte sa vie, son pays, l’Ouganda. Isaïe n’est pas vieux pourtant, mais en 2017, il l’est assez pour relater son autre existence, en tant qu’enfant soldat, emmené par les troupes de Joseph Kony, seigneur de la guerre illuminé et sanguinaire qui, au début des années 90, ravage le pays et même les abords de la région des Grands Lacs. L’Ouganda, Isaïe y est finalement retourné un an plus tôt, en compagnie de son épouse espagnole enceinte, afin notamment de faire la paix avec lui-même: ses fantômes ne furent cependant pas les seuls à lui faire la guerre… Roman qui plonge dans l’horreur de l’Histoire contemporaine africaine, celle des enfants soldats, de la traque des albinos, Avant les années terribles est d’un style direct, haché, besogneux surtout dans son entame. Pourtant, devant les multiples rebondissements, la sauvagerie et l’inhumanité qui se déchaînent sur des vies semblant sans importance, le lecteur oublie les défauts, la grandiloquence de certains passages, attiré irrésistiblement par cet abîme de mal et de cruauté. Le livre, qui fait référence à Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, est signé par un ancien commissaire de police de Barcelone. Pas un roman policier pour autant mais un chapelet de massacres au fort parfum de véracité.

De Víctor Del Árbol, éditions Actes Sud, traduit de l’espagnol par Claude Bleton, 400 pages.

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