Aux Amours

Un homme espère une femme. « Où êtes-vous, je veux dire à quel endroit, dans quelle ville, vers quelle maison de quel quartier de cette ville, (…) vous n’avez rien prévu de faire aujourd’hui, vous n’avez établi aucun plan, juste vous rendre où mes mots prétendent vous mener (…) » Loïc Demey a le courage de la poésie, dont il est une plume alerte. Après avoir escamoté les verbes ( Je, d’un accident ou d’amour), effeuillé le carnet du Dormeur du Val échappé des pages de Rimbaud ( D’un coeur léger), Demey chante en prose l’aparté incandescent du poème, lorsqu’on patiente Aux amours. Cent pages où court une seule phrase lancée aux trousses des pensées tumultueuses, aiguillonnée dans l’attitude du songeur éveillé, charpentée par le sentiment amoureux, l’éblouissement du tout ou rien, la nature fatale des héroïnes et le sort réservé à leurs prétendants. Empruntant ici un fragment d’ Élévation de Baudelaire, là se faufilant dans les pas du mystérieux Otto Sfortunato, personnage énigmatique fuyant ce qu’il appelle Ombra… Et le lecteur ne sait plus si c’est une allégorie, un fantôme, une hallucination. Loïc Demey brûle pour les rêveries, les divagations et la persévérance. « (…) puisque je ne sais rien de vous, ne connaissez rien de moi, je vous suppose, je vous présume, je vous soupçonne autant que je vous cherche, (…) »

De Loïc Demey, éditions Buchet/Chastel, 112 pages.

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