ALLO PARIS, ICI BRUXELLES! LE 11 DÉCEMBRE, FLAGEY FERA LE TRAIT D’UNION ENTRE LES DEUX CAPITALES AVEC UNE SOIRÉE SPÉCIALE SACRÉ FRANÇAIS. AU MENU, LE RETOUR D’AUTOUR DE LUCIE, DAAN, JÉRONIMO, SAULE… RENCONTRE AVEC LA MAÎTRESSE DE CÉRÉMONIE, ALEXANDRA VASSEN.

C’est l’une des voix incontournables de la Première. Elle est reconnaissable entre mille: un mélange acidulé, entre séduction capiteuse et velours maternant. Il n’est vraiment pas certain qu’elle s’en soit rendu compte, mais l’an prochain, Alexandra Vassen fêtera ses 25 ans sur les ondes de la RTBF. D’abord sur Radio 21, puis Pure FM, avant d’officier depuis trois ans maintenant sur la Première. « J’ai adoré bosser sur une radio musicale. Mais il y a un temps pour tout. Au fil des années, j’avais emmagasiné pas mal d’infos et d’expériences qui pouvaient être utiles sur une chaîne plus adulte. Le constat étant que moi-même je n’avais plus quinze ans (rires).« 

Dans ses bagages, elle emportera tout de même Sacré Français, l’émission lancée sur Radio 21 (programmée actuellement le dimanche après-midi, de 15 à 17h). Son bébé, sa marque, servira encore de cadre au prochain concert organisé dans le cadre du festival Paris-Bruxelles connivence, le 11 décembre, à Flagey. Au programme: les Français d’Autour de Lucie, entourés par Daan, Jéronimo, Françoiz Breut, Dan Lacksman… Soit une soirée à l’image de l’émission: curieuse, pétillante, volontiers pop, qui chante en français sans forcément faire de la chanson… « Sacré Français, c’est typiquement le genre d’émission qui ne pourrait pas exister ailleurs que sur le service public. Il s’agit de dénicher des bons morceaux, découvrir des artistes, les associer les uns aux autres pour que cela raconte une histoire. C’est ce qui va différencier la radio des autres médias, et foncièrement d’Internet: il y a un décodage et un point de vue -ce n’est pas juste une machine qui va enchaîner les disques. »

L’ADN de Sacré Français? « Apporter un éclairage sur toutes les tendances musicales de la scène francophone. » La langue y est forcément une donnée importante, surtout depuis que l’émission a atterri sur la Première. Sans pour autant qu’elle soit brandie en étendard. « Je me souviens avoir posé la question un jour à Jean-Louis Aubert: « C’est quoi, un artiste francophone? » Il m’a répondu: « C’est un artiste qui rêve en français. Ce qu’il en fait par la suite, c’est son affaire. «  »

L’ivresse de l’éther

L’émission a démarré en 96. Quelques mois avant, un duo nommé Daft Punk donnait son premier concert au Queen, sur les Champs Elysées. C’est également l’année de sortie de Sacrebleu, le premier album de Dimitri From Paris. Un disque de (French) house pince-sans-rire, lounge décalée, dont le 2e morceau est intitulé… Sacré Français. « Enfin, la musique en français pouvait être autre chose qu’une chanson, qui est un genre en soi! » Ce n’est évidemment pas une découverte pour l’intéressée. « J’ai été renversée par des tas de disques en anglais. Mais je ne ressentais jamais la même proximité qu’avec des groupes comme Taxi Girl, les Rita Mitsouko ou même Niagara. Je me rappelle danser à seize ans sur Cherchez le garçon à la Chapelle, à Liège, au début des années 80. Quand j’entendais ces sons de clavier inouïs, cela me prenait aux tripes. Aujourd’hui, je ne peux plus l’écouter, cela remue trop de choses. J’ai pu rencontrer plusieurs fois Daniel Darc, dont un jour en studio à Paris, pour son 2e album avec Frédéric Lo. Tout à coup, quelqu’un a joué ces mêmes notes, avec ce même son de synthé typique. J’ai dû sortir. J’étais submergée. Je n’aurais jamais pu être journaliste (rires): je suis trop émotive. »

Elle ne sera pas davantage musicienne –« je n’ai jamais été douée pour ça ». C’est la radio qui comblera sa boulimie musicale. « Dès mes quinze ans, je me suis retrouvée sur Radio Concept, installée au-dessus du club de hockey, à Heusy, tout près de Verviers. Dès ce moment-là, je savais que c’était ça que je voulais faire! » Il faut l’entendre parler de sa passion, de « la sensation physique » que procure l’antenne, « entre la musique qui part, la voix qui s’intercale, et le morceau suivant qui arrive », plus vraiment en studio, pas tout à fait chez l’auditeur, mais quelque part entre les deux, plongée dans l’éther…

Aujourd’hui, sur la Première, Alexandra Vassen a d’ailleurs retrouvé l’ivresse d’une émission musicale, avec Pop Up. Depuis la rentrée, tous les jours, de 14 à 15 h, elle concocte une programmation majoritairement francophone en lien avec l’actu du jour. « Le concept n’est pas neuf. Ce qui est plus inédit, c’est de pratiquer cela au quotidien. Ce qui est très exigeant. Je suis toute seule pour faire ça. Il a fallu trouver le bon ton, les bons équilibres entre les infos données et la musique, les morceaux récents et plus anciens… J’avoue avoir perdu quelques kilos en début de saison. Aujourd’hui, cela va mieux. Depuis une quinzaine de jours, j’ai l’impression que l’émission a trouvé sa vitesse de croisière. » Ajoutez donc à cela Sacré Français, et cela fait des semaines bien remplies. « Le but est toujours le même: arriver à dire des choses sans le dire. Faire une proposition dans laquelle tout le monde peut picorer. Un jour, ma mère m’a dit à propos de l’émission: « Tu sais pourquoi elle me plaît? Même s’il y a un morceau que je n’aime pas, je continue d’écouter parce que je sais qu’il y aura toujours après une chanson que j’aime bien. » Pour moi, c’est le plus beau compliment qui soit. Cela veut dire que je ne laisse tomber personne. »

SACRÉ FRANÇAIS, LE 11/12, À FLAGEY, IXELLES. WWW.FLAGEY.BE

RENCONTRE Laurent Hoebrechts

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